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Vol, viol, meurtre... l'insécurité à Lubumbashi inquiète

Patrick Kasonde
25 octobre 2018

Les cambriolages sont devenus quasiment quotidiens à Lubumbashi, en République démocratique du Congo. Des cambriolages souvent violents, accompagnés de viols et meurtres.

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DR Kongo Lubumbashi
Image : Getty Images/AFP/J. Kannah

L'insécurité source d'inquiétude à Lubumbashi

Cette situation qui dure inquiète les habitants de ce chef-lieu de la province du Haut-Katanga, au sud-est de la RDC. Les services de sécurité sont accusés de ne pas protéger la population et même d'être complices de ces actes. 

"Ils ont cassé la porte, ils sont entrés, ils ont pris notre télévision, les documents parcellaires, ils ont même violé ma fille de 20 ans. Je suis un retraité de Forest (une entreprise privée, ndlr), mon épouse est agent SNCC (Société Nationale de Chemin de fer du Congo, ndlr). Nous n'avons pas d'argent, ils m'ont ligoté, ils m'ont tapé, il y a même des balles que vous voyez ici" témoigne une victime.

Et elles sont nombreuses ces familles victimes de cambriolages accompagnés des viols et meurtres à Lubumbashi. Jeff Mbiya, acteur de la société civile du Haut-Katanga, explique que la police est dépassée par cette violence et il s'interroge sur une possible complicité.

Selon lui "le niveau de criminalité  aujourd'hui dépasse même la capacité opérationnelle des éléments de sécurité et renseignement dans le sens où nous assistons, s'il n'y a pas de meurtres, à des vols suivis des viols. Chaque jour des cas sont enregistrés dans la ville de Lubumbashi. Nous craignons qu'il y ait complicité dans les chaines de commandement parce que comment expliquer qu'un voleur puisse avoir tout son temps, une heure, deux heures... Après avoir volé, il prend le temps de violer."

Des causes multiples 

Selon toujours Jeff Mbiya "les mouvements des populations dus à l'insécurité dans le triangle de la mort (l'axe Mitwaba-Mpweto-Manono où des milices "Maï-Maï" sévissent, ndlr), les conflits entre pygmées et Lubas, et le conflit Kamwina Nsapu au Kasaï. Il se pose aussi un problème de la cartographie des sous-commissariats. Dans certains sous-commissariats il n'y a que deux policiers, pour une population estimée entre 2.000 et 5.000 personnes, et qui n'ont qu'une seule arme. Il se pose aussi un problème de la communication parce que jusque-là, la communication reste archaïque avec des talkies-walkies où tout le monde peut se connecter sur la fréquence de la police et connaît tout ce qui s'y passe. Il faut qu'on arrive aussi à doter la police de moyens de mobilité comme des jeeps et autres. Mais les jeeps qu'on donne, ce sont les mêmes officiers qui les utilisent pour leurs besoins privés. Il faudrait qu'on revoie la chaîne de commandement, faire des permutations pour voir ceux qui vont venir, ce qu'ils apporteront comme nouveauté."

Contacté par la DW, le service de communication de la police a repoussé plusieurs fois le rendez-vous, sans donner d'explication précise. Entre-temps, l'ONG "Cri de secours contre la prolifération des armes légères et de petit calibre en Afrique" (CRISPAL) a exigé que le gouvernement congolais signe et ratifie sans délai le traité international sur le commerce des armes pour mettre fin au flux d'armes et de munitions qui alimentent les conflits et les violations des droits de l'homme en RDC.