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L'Union africaine dit "non" au CNT libyen

26 août 2011

Finalement non, l'Union africaine a décidé de ne pas reconnaître le Conseil national de transition libyen. La question a été âprement discutée à Addis Abeba, lors d'un mini-sommet africain.

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Comment "lâcher" Kadhafi, l'un des pères de l'UA?Image : dpa/picture-alliance

Le Premier ministre du Conseil national de transition libyen, Mahmoud Djibril, a effectué cette semaine une tournée diplomatique, pour faire reconnaître le CNT. Outre le soutien de nombreux gouvernements, le CNT a obtenu de l’ONU le dégel d'un milliard et demi de dollars d’avoirs libyens. Les "rebelles" brigueront un siège aux Nations unies le mois prochain.

Jean Ping und Teodoro Obiang Mbasogo in Addis Abeba Äthiopien
Jean Ping(à gauche) et Teodoro Obiang Mbasogo, le président de Guinée Equatoriale à Addis AbebaImage : dapd

En Afrique en revanche, le dossier CNT reste épineux. D'ailleurs l'Union africaine ne reconnaît donc pas la légitimité du CNT libyen, pour cause de situation sécuritaire encore trop précaire sur le terrain.

En revanche, l'institution a renouvelé son appel à une solution négociée. L'Union africaine prône depuis plusieurs mois l'instauration d'un dialogue, en vue de mettre en place un gouvernement d'union, le temps d'organiser des élections.

"Transition consensuelle"

Dans le communiqué final publié à Addis Abeba, aucune mention n'est faite des belligérants, mais il est question d'un "gouvernement de transition incluant toutes les parties". Pour l'instant, les tentatives de médiation, emmenées par le Sud-Africain Jacob Zuma, pour faire discuter le régime Kadhafi et les rebelles, ont toutes échoué.

Le communiqué rappelle également que le siège de la Libye au sein de l'UA est actuellement "vacant", une façon à peine voilée de ne pas le proposer, ce siège, aux représentants du CNT.

Vorsitzender der Afrikanischen Union Jacob Zuma mit Ramtane Lamamra
Jacob Zuma (à gauche) avec Ramtane Lamamra, Commissaire de l'Union africaine à la paix et à la sécuritéImage : dapd

L'Afrique du sud satisfaite

La décision de l'Union africaine correspond à la position de l’Afrique du sud,opposée à la reconnaissance du Conseil de transition tant que les combats continuent sur le terrain. Pretoria fustige l’intervention de l’OTAN en Libye et prône une issue négociée, trouvée par les Africains eux-mêmes.

L’Algérie, elle, ménage ses arrières et déclare observer « une stricte neutralité ».

Une prise de position tardive

Cette décision de l’Union africaine arrive un peu tard, et elle montre une fois de plus la difficulté des Etats africains à parler d’une seule voix. Sur les 54 membres de l’Union africaine, une dizaine ont déjà reconnu le CNT, parmi lesquels des pays aussi différents que l’Ethiopie, le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou le Tchad.

Mais l’Union africaine est prise en étau entre sa volonté de s’affirmer sur la scène diplomatique internationale, où elle peine à se faire entendre, et sa loyauté envers Mouammar Kadhafi, l’un des défenseurs de l’institution... et l’un aussi de ses principaux contributeurs.

Sahel Afrika Dürre
La crise libyenne concerne toute la région sahélienneImage : picture-alliance/ dpa

Critiques adressées au CNT au Mali

Au Mali, le seul parti d’opposition représenté à l’assemblée, celui du cinéaste Cheick Oumar Sissoko, dénonce ce qu’il qualifie d'"appel à l’assassinat" de Mouammar Kadhafi. C’est-à-dire la récompense promise par les rebelles libyens pour la capture, mort ou vif, du guide libyen. Le parti exhorte aussi les Etats membres de l’UA à rappeler leurs ambassadeurs dans les pays de l’OTAN, en signe de protestation contre l’intervention de l’Alliance atlantique en territoire libyen.

Insécurité au Sahel

D'une façon générale, la crise libyenne a accentué l´insécurité dans les pays du Sahel avec la dissémination d´armes, le trafic de drogue. Cette guerre civile libyenne pourrait bien être un terreau fertile pour la rebellion touareg et pour Al-Qaïda au Maghreb Islamique, Aqmi, de s'armer et de se renforcer. Les répercussions de ce conflit pourraient bien être trés négatives sur le plan sécuritaire dans la zone sahélo-sahélienne.

Ecoutez ci-dessous, à ce sujet, les précisions de Carim Camara.

Auteur: Sandrine Blanchard
Edition: Aude Gensbittel