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Métaphores maritimes

Anne Le Touzé / pp16 novembre 2009

La plupart des journaux publient des photos des funérailles du footballeur Robert Enke qui ont eu lieu hier au stade de Hanovre, en présence de 35.000 personnes et de plus d'un million de téléspectateurs.

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Some ten thousand people come to mourn Robert Enke in the soccer stadium in Hannover, northern Germany, Sunday, Nov. 15, 2009. Germany goalkeeper Robert Enke, who was struck and killed by a train Tuesday Nov. 10, 2009 , left a suicide note and his widow says he had been suffering from depression. Banner reads "We're mourning Robert Enke".(AP Photo/Joerg Sarbach)
"Nous pleurons Robert Enke"Image : AP

Le "tsunami du deuil" qui a déferlé sur l'Allemagne a quelque chose de mystérieux, commente Die Welt, qui estime que c'est une erreur d'avoir accordé à Robert Enke des funérailles quasi-nationales. Par un hasard du calendrier, on célébrait hier également la journée de deuil national. Un jour du souvenir pour les soldats allemands tombés au front, mais également pour les 55 millions de morts de la Seconde Guerre mondiale. Un jour, aussi, qui a perdu sa signification depuis longtemps dans une société individualiste. Aujourd'hui, la mort d'un footballeur émeut une nation toute entière. Le deuil des soldats qui meurent en Afghanistan, reste du domaine du privé. Aurait-on peut-être perdu un peu le sens de la mesure, s'interroge Die Welt ?

Volkstrauertag - Feierstunde Bundestag
Autre cérémonie, à Berlin, celle de la journée du deuil national, en présence du président Horst KöhlerImage : picture-alliance/ dpa

La Frankfurter Allgemeine Zeitung est moins critique. Comme lors de la mort de Lady Di ou de Mickael Jackson, il est difficile de rester de marbre face à ces images émouvantes de deuil collectif. A l'heure où les enterrements anonymes deviennent de plus en plus courants et où les conventions, les religions et le rapport à la souffrance et à la mort semblent compter de moins en moins, les images de Hanovre montrent le besoin fondamental de l'être humain de donner au deuil et à la compassion un lieu et une heure.

Changement de lieu, nous voici à Dresde, dans l'Est de l'Allemagne : le congrès du SPD, lors duquel les délégués ont appelé à réintroduire l'impôt sur la fortune, n'a pas convaincu l'éditorialiste de la Süddeutsche Zeitung. Les sociaux-démocrates, écrit le journal, sont sur la pente descendante et cela ne risque pas de changer de sitôt. L'appel au rétablissement de l'impôt sur la fortune montre que l'aile gauche reprend du poids au sein du parti. Mais que reste-t-il de "gauche" dans la sociale-démocratie allemande ? Les luttes de pouvoir internes des dernières années ont parfois porté sur des questions de fond, mais bien plus souvent sur l'influence, l'envie, l'animosité et l'arrogance, critique le journal.

Der SPD Vorsitzende Sigmar Gabriel verfolgt beim SPD Parteitag
Le nouveau patron du SPD, Sigmar GabrielImage : AP

Dans des temps difficiles, écrit l'Augsburger Allgemeine, les sociaux-démocrates aiment se référer à leurs idoles. Mais aucune citation de Willy Brandt n'a pu décrire aussi bien la misère du SPD que ce délégué en citant le philosophe romain Sénèque : "si un marin ne sait pas quelle rive accoster, aucun vent ne sera le bon". Pour la cinquième fois en six ans, le parti a changé de capitaine sur une mer agitée. Mais Sigmar Gabriel est confronté à des problèmes plus graves que le marin de Sénèque : sur son bateau balayé par les vents, aucune terre n'est encore en vue.