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Mahamane Ousmane : "Nous allons imposer le coup KO"

23 décembre 2020

Hama Amadou, le principal opposant au Niger, appelle ses militants à voter pour l'ex-président Mahamane Ousmane. Ce dernier estime que cette alliance permettra une alternance démocratique dès le premier tour.

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Mahamane Ousmane, ancien président du Niger, candidat à l'élection présidentielle
Mahamane Ousmane, ancien président du Niger, candidat à l'élection présidentielleImage : picture-alliance/dpa

Plus que quatre jours avant le premier tour des élections présidentielleet législatives au Niger du 27 décembre. Mardi (22.12), le grand absent à la présidentielle, Hama Amadou a appelé ses militants à voter pour l'ex-président Mahamane Ousmane du RDR Tchanji. Celui-ci a dirigé le Niger de 1993 à 1996 avant d'être renversé par un coup d'Etat militaire. Principal opposant au régime, Hama Amadou ne participe pas à ce scrutin présidentiel pour des raisons judiciaires. Il a été condamné en 2017 à un an de prison dans une affaire de trafic de bébés. Ce qui lui a valu le rejet de sa candidature par la Cour constitutionnelle, qui l’a déclaré inéligible.

 Le Niger était classé 227e sur 228 sur l'Indice de développement humain de l'ONU en 2018.
Le Niger était classé 227e sur 228 sur l'Indice de développement humain de l'ONU en 2018.Image : DW/A. Abdou

Mahamane Ousmane : C'est une marque de confiance et une marque d'estime et cela est la preuve que les forces qui sont autour de Tchanji et Lumana sont décidés à faire en sorte que dès le premier tour de l'élection présidentielle puisse être imprimée l'alternance démocratique. Et nous allons l'expliquer à nos concitoyens, pour faire en sorte que les élections à venir puissent se dérouler de manière tout à fait claire, nette, sans fraude.

DW : Donc, vous espérez passer dès le premier tour avec cette alliance. C'est ça ?

Mahamane Ousmane : Nous avons beaucoup d'espoir. Le coup du KO, c'est nous qui risquons de l'imposer aux autres. Parce que vous savez, Lumana et Tchanji ont l'habitude de travailler ensemble.

DW : Qu'est-ce que vous avez promis à Hama Amadou pour qu'il accepte de vous soutenir ? Pourquoi vous et pas un autre candidat ?

Mahamane Ousmane : Vous savez, en fonction de la situation qui prévaut dans un pays, les forces politiques s'organisent de manière à remporter la mise et faciliter la victoire dès le premier tour. Voilà ce qu'il faut bien comprendre.

DW : Donc, il n'y a pas de promesses ?

Selon la Banque mondiale, en 2019, environ 42% des Nigériens vivaient avec moins d'1,90 dollar par jour.
Selon la Banque mondiale, en 2019, environ 42% des Nigériens vivaient avec moins d'1,90 dollar par jour.Image : CARE/Josh Estey

Mahamane Ousmane : Promesses de quel genre ?

DW : Comme, par exemple, le gracier. Si Hama Amadou est écarté de cette présidentielle aujourd'hui, c'est parce qu'il a été condamné à une peine d'un an de prison.

Mahamane Ousmane : Vous savez, cela fait plus de dix ans que nos forces collaborent. Nous sommes dans un cadre tout à fait démocratique, transparent et exprimant une volonté de travailler ensemble. Parce que si vous analysez la situation depuis dix ans, le Niger se trouve être le dernier pays de la planète en termes d'indice de développement humain (IDH). Il est temps que les citoyens nigériens se ressaisissent et fassent en sorte qu'ils conjuguent leurs efforts pour éviter que le pays continue de sombrer davantage.

DW : Justement, vous parlez des deux mandats du président sortant, Issoufou Mahamadou. Dans son discours à la Nation, le 17 décembre dernier, il a dressé un bilan satisfaisant. Il dit avoir développé le pays.

 Quelque 260 écoles sont fermées dans les zones d'insécurité au Niger.
Quelque 260 écoles sont fermées dans les zones d'insécurité au Niger.Image : picture-alliance/AP Photo/UNICEF/Dicko

Mahamane Ousmane : Dire qu'il a développé le pays, bon, il peut l'affirmer, c'est une manière de voir. Mais si vous regardez objectivement les chiffres qui sont produits, de toutes sources particulièrement ceux du Programme des Nations unies pour le développement, PNUD, ces chiffres sont plus parlants et plus objectifs.

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DW : Sur le plan sécuritaire, Mahamadou Issoufou dit aussi avoir fait des progrès.

Mahamane Ousmane : Oui, il l'a annoncé. Je l'ai écouté, tout comme vous, mais moi, j'estime qu'on aurait pu mieux faire. Parce que voyez-vous, quand on regarde les résultats de cette gestion sur le plan sécuritaire, le nombre de morts d'abord dans la population civile, au niveau des forces de défense et de sécurité ensuite, ce sont des pertes en vies humaines par plusieurs centaines. Alors peut-on faire pire que ça ?

DW : Que feriez-vous de mieux alors ?

"Il est temps que les Nigériens se ressaisissent "

Mahamane Ousmane : Ah, nous avons des approches différentes. Voyez-vous, toute cette insécurité est d'abord le résultat d'une mauvaise gestion de la question sécuritaire, mais aussi une mauvaise gestion d'un certain nombre de questions majeures concernant la vie des citoyens nigériens. La cause profonde qui explique pourquoi a plupart des jeunes qui se laissent enrôler par les extrémistes, c'est une absence de développement. Vous avez une bonne partie de notre jeunesse qui est livrée à elle-même par ce régime : absence d'alimentation suffisante, absence de nutrition, absence d'un système de santé efficace, absence d'éducation... Cette jeunesse se trouve désœuvrée, elle est donc facile à manipuler par les extrémistes.

Le président Seyni Kountché disait que c'est de l'injustice que naît la frustration, de la frustration que naît la révolte et c'est de la révolte que naît l'insécurité, le banditisme et l'instabilité. C'est aussi simple que ça. En ce qui nous concerne, nous avons une autre approche qui permet de renverser la tendance et de faire en sorte que les uns et les autres soient beaucoup plus orientés vers des actions productives utiles au pays et à eux-mêmes.

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DW : Monsieur le Président, une dernière question : il y a actuellement une polémique au Niger autour de la nationalité du candidat du pouvoir. Je parle de Mohamed Bazoum. Est-ce que cela n'a pas pollué, l'atmosphère politique ?

Mahamane Ousmane : Je ne vous le fais pas dire. Vous savez, il n’y a jamais de fumée sans feu. Est-ce que les débats se sont posés de la même manière concernant quelqu'un d’autre ? Je ne pense pas.