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Mali : la création d’un organe électoral divise

Mahamadou Kane
5 juillet 2021

Au sein de la classe politique et de la société civile, les avis divergent quant à la création d’un organe unique de gestion des élections.

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Le premier ministre Choguel Kokalla Maïga
Le premier ministre Choguel Kokalla MaïgaImage : Service de Primature du Mali

La question de la création d’un organe unique chargé de gérer les prochaines élections, notamment la présidentielle de février 2022, divise jusqu’au sommet de l’Etat.

Par exemple, le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, et son ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Abdoulaye Maiga, ne sont pas sur la même longueur d’ondes, concernant ce dossier.

Au sein de la classe politique et de la société civile, il semble tout aussi difficile d'aller vers un consensus pour trancher définitivement la question.

Écoutez les explications de notre correspondant à Bamako

Sékou Niamey Bathily membre du Rassemblement pour le Mali (Rpm), l'ex-parti au pouvoir, estime qu'il n'est pas possible d'aller aux élections à l’issue de la période transitoire avec un organe unique de gestion des élections.

"Notre option porte sur le renforcement de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) avec des nouvelles prérogatives qui lui permettront d'organiser les futures échéances électorales. Nous avons aussi proposé au gouvernement actuel, de préparer un projet de texte de création de l'organe unique de gestion des élections qui sera soumis à l'approbation des membres du Conseil national de transition (CNT). Cet organe sera opérationnel après les futures échéances électorales", affirme-t-il.

Soupçon

Les auteurs du putsch du 18 août 2020 sont accusé de vouloir prolonger la transition
Les auteurs du putsch du 18 août 2020 sont accusé de vouloir prolonger la transitionImage : Annie Risemberg/AFP/Getty Images

Aboubacar Maiga, enseignant chercheur à l'Université de Bamako ne partage pas ce point de vue. Cet observateur de la scène politique malienne, soupçonne pour sa part les militaires de vouloir s'éterniser au pouvoir.

Selon lui, "le tâtonnement et les tergiversations que l'on constate ici et là, nous donne l'impression qu'il y a des non-dits et des choses qu'on nous cache par rapport à la fin de la transition et aux intentions réelles des responsables qui dirigent aujourd'hui la transition."

Avis tranché

Ibrahim Sangho, expert électoral et président de l'observatoire pour les élections et la bonne gouvernance, a de son coté, un avis tout tranché autour de la question.

Ibrahim Boubacar Keïta a été renversé par les militaires le 18 août 2020
Ibrahim Boubacar Keïta a été renversé par les militaires le 18 août 2020Image : AFP/L. Marin

"Si on se réfère au chronogramme qui a été établi par le ministère de l'administration territoriale au mois de mai 2021, on se rend compte que ce dernier voudrait organiser six grandes élections : l'élection des conseillers communaux, l'élection des conseillers locaux, l'élection des conseillers régionaux, le referendum, la présidentielle et les législatives. À notre avis, cela n'est pas possible à huit mois de la fin de la transition", soutient Ibrahim Sangho.

La question de l'organe unique de gestion des élections se pose avec acuité, moins d'un an après la crise post-électorale consécutive à la mauvaise organisation des élections législatives de 2020 et qui a précipité la chute de l'ancien président Ibrahim Boubacar Keïta.