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Mali : fin d'une démocratie modèle?

23 mars 2012

Les journaux se font l'écho du coup d'Etat qui a renversé le président Amadou Toumani Touré au Mali. Une junte emmenée par un jeune capitaine a pris le pouvoir à Bamako.

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Soldiers from the presidential guard, said to be divided between those supporting the coup and those loyal to Malian President Amadou Toumani Toure, patrol a street in Bamako, Mali, Friday, March 23, 2012. The whereabouts of Mali's president were unknown Friday, a day after mutinous soldiers declared a coup, raising fears and prompting uncertainty in a West African nation that had been one of the region's few established democracies. (Foto:Harouna Traore/AP/dapd)
Mali Putsch Militär in BamakoImage : dapd

La Süddeutsche Zeitung note que c'est toute l'Afrique de l'ouest qui est ébranlée par le putsch au Mali. Et pour ce journal, l'escalade à laquelle on assiste au Mali est à mettre au compte des bouleversements en Libye. La guerre et la chute de Kadhafi ont émis des ondes de choc sur tout le continent africain. Il n'était un secret pour personne, note de son côté la Frankfurter Allgemeine Zeitung, que dans la hiérarchie de l'armée malienne tout le monde n'était pas d'accord avec la politique d'Amadou Toumani Touré vis-à-vis d'Aqmi. Le président avait ignoré la présence de terroristes sur le territoire malien, d'une part pour préserver Bamako de possibles attentats, de l'autre pour ne pas compromettre la fragile paix avec les Touaregs. L'armée malienne, poursuit le journal, aurait même reçu l'ordre d'éviter toute confrontation avec les islamistes, alors que la Mauritanie et le Niger consacrent des sommes importantes à la lutte militaire contre Aqmi.

Mali Aufruhr Putsch
Pneus incendiés en signe de soutien aux mutinsImage : AP

Pour die Tageszeitung, le coup d'Etat militaire met fin à une démocratie modèle. Mais l'armée malienne ne supportait plus l'incapacité de l'Etat. Depuis la reprise des combats avec la rébellion touarègue en janvier dernier, l'armée a dû abandonner toutes ses garnisons dans le nord du pays. La région que les Touaregs appellent "Azawad" n'abrite certes que 2% de la population, mais la perte de prestige est énorme pour l'Etat alors que l'incompréhension est grande chez de nombreux Maliens du sud du pays.

Macky Sall Senegal Dakar
Macky SallImage : AP

Sénégal: Macky Sall, un espoir pour les jeunes

Au Sénégal voisin le second tour de la présidentielle oppose le président sortant Abdoulaye Wade et Macky Sall. Ce dernier inspire à la Süddeutsche Zeitung un portrait plutot flatteur. Qui veut le changement mise sur lui, écrit le journal. Macky Sall a de bonnes chances de remporter le second tour de la présidentielle au Sénégal. Ils seront nombreux à pousser un soupir de soulagement si cet homme de 51 ans l'emporte réellement, car cela fait des mois que le Sénégal souffre des manoeuvres de son vieux président Abdoulaye Wade. Par son obstination il a étonné le monde entier et mis la démocratie à rude épreuve. Le candidat Macky Sall, note plus loin le journal, passe aux yeux de nombreux Sénégalais pour un "Monsieur Propre" qui s'attaque courageusement à la mal gouvernance et à la corruption. Mais ce géologue de formation, et père de trois enfants, a aussi compris que, pour arriver tout en haut, il doit rallier à sa personne les réseaux de la jeunesse sénégalaise. Compte tenu de la forte augmentation du nombre de jeunes électeurs, leur appui se révèle de plus en plus décisif dans la politique africaine. Ce que veut la jeunesse, c'est une Afrique entièrement nouvelle, avec des emplois et des opportunités. Sans vieillards obstinés qui s'accrochent désespérement au pouvoir.

Senegal Dakar Skulptur Afrikanische Renaissance Renaissance africaine
Monument de la renaissance africaineImage : picture-alliance/dpa

Wade et la renaissance africaine

A 86 ans, Abdoulaye Wade brigue un troisième mandat. die tageszeitung lui consacre un article intitulé "Wade aspire à sa renaissance". Une allusion au fameux monument de la renaissance africaine que le chef de l'Etat sénégalais a fait ériger à Dakar. Ce monument surdimensionné, écrit le journal pourrait dater de l'époque stalinienne. Et souligne ce confrère, il est terriblement calme, car il est loin d'attirer les foules. A Dakar, les méchantes langues disent maintenant qu'il représente personnellement le président Wade. Selon certaines estimations le monument de la renaissance africaine a coûté 20 millions d'euros, alors que selon la Banque mondiale, un Sénégalais sur deux vit au-dessous du seuil de pauvreté. Mais Abdoulaye Wade, poursuit le journal, voulait absolument faire construire ce monument. A son arrivée au pouvoir en 2000, il plaidait pour une nouvelle Afrique, capable de se tenir droite sur ses jambes. Il avait donc lancé un ambitieux programme de modernisation pour promouvoir le développement économique, social et culturel du pays. Le monument de la renaissance africaine est le seul des grands projets de Wade à être achevé, et il doit de surcroit rapporter de l'argent au président. Wade revendique pour lui 35% des recettes, précise le journal.

Piraten Somalia
Pirate somalien au large de Hobyo en 2008Image : picture alliance / dpa

Sur mer et sur terre contre les pirates somaliens

L'Union européenne va élargir et durcir sa mission Atalante, dirigée contre les pirates qui opérent au large des côtes somaliennes. Désormais les navires et les hélicoptères pourront tirer sur les repaires des pirates le long des côtes. Et cela inspire un commentaire à un journal comme la Süddeutsche Zeitung. Avec tout d'abord une note de scepticisme. En termes militaires, lit-on dans cet éditorial, il ne devrait servir à rien que des hélicoptères européens fassent sauter quelques barrils de diesel sur les côtes somaliennes. Les pirates déplaceront leurs dépôts vers l'arrière-pays. Et là les Européens n'oseront pas les suivre. Politiquement, en revanche, la décision de l'Union européenne prend tout son sens. Après l'aide européenne à la formation des forces de sécurité somaliennes et l'appui à la mission de paix de l'Union africaine, c'est un signal supplémentaire à l'adresse des forces pacifiques en Somalie, il leur fait comprendre qu'elles ne seront pas abandonnées à leur sort. Car les pirates, souligne le journal, ne se contentent pas de détourner des navires marchands ou de capturer des marins. Leurs victimes sont avant tout somaliennes.

Sudan Konflikt Abyei Soldaten Bennede Hütten Überfall
Des maisons incendiées à Abyei, au Soudan, en 2011Image : AP

Zone de la mort autour du 10ème parallèle

Et selon l'hebdomadaire Der Spiegel, de la Somalie au Sénégal, le long du 10ème parallèlle, c'est toute une zone de non-droit qui s'est cristallisée à la charnière entre le Sahel et les zones tropicales. Le journal parle même d'une véritable poudrière. Violence, misère et anarchie - depuis une bonne décennie, écrit le Spiegel, c'est un cocktail explosif, unique au monde, qui sévit le long de cette ligne de séparation géographique. Ce gigantesque espace ne connait que la loi du plus fort. Les revendications y sont imposées à coup de kalachnikov, les gouvernements ont largement perdu le contrôle de cet espace. Ce sont bien plutôt des clans assoiffés de guerre, des fanatiques religieux et des militaires sans scrupules qui y dictent leur loi. Dans cette zone de la mort, des millions d'Africains fuient la violence, la sécheresse et la faim. Ils échouent dans des camps de réfugiés comme celui de Dadaab au Kenya ou de Yida, au Soudan du sud.

Auteur : Marie-Ange Pioerron
Edition : Georges-Ibrahim Tounkara