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Mali: quel avenir pour l'accord militaire avec la France?

Mahamadou Kane
18 janvier 2022

L'accord de défense et de coopération militaire entre le Mali et la France est remis en cause.

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Soldats français et maliens à Ménaka en décembre 2021.
Soldats français et maliens à Ménaka en décembre 2021.Image : Thomas Coex/AFP/Getty Images

En décembre dernier, le président de la transition, le colonel Assimi Goita, a officiellement saisi les autorités françaises afin de leur notifier que cet accord n'est plus valable. Une décision qui rendrait nécessaire une renégociation du traité qui lie les deux pays sur le plan militaire. 

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Dans une interview accordée à la télévision nationale le week-end dernier, Choguel Kokalla Maiga est revenu sur l'accord de coopération militaire qui lie le Mali et la France. Le Premier ministre de la transition malienne a déclaré que les clauses de cet accord signé en 2014 seront revues.

 Le premier ministre de transition Choguel Kokalla Maïga à Bamako le 14 janvier 2022.
Le premier ministre de transition Choguel Kokalla Maïga à Bamako le 14 janvier 2022.Image : Adam Diko

Des explications

"Ce n'est plus à la France de parler au nom du Mali. C'est ce que le président de la transition, le colonel Assimi Goita a notifié aux autorités françaises" a expliqué Kalilou Ouattara, le vice-président de la commission Défense et Sécurité du Conseil national de transition. Il a en outre ajouté que "désormais le Mali traitera de façon bilatérale et multilatérale avec tous les autres Etats sans intermédiaire. Ce n'est pas seulement une question de dénonciation du traité de coopération militaire entre les deux pays. Mais il s'agira pour la France de renoncer à son titre d'intermédiaire qui lui permettait de parler au nom du Mali."

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Pour Djiguiba Keita, dit PPR, que les autorités maliennes veuillent renégocier l'accord de coopération militaire avec la France est "un non-événement".

"Je crois que le Premier ministre tente d'ouvrir une porte qui est déjà ouverte. Les nationalistes montent cela en épingle comme si c'était un grand évènement. Alors que la souveraineté du Mali est toujours à sa place. On a la latitude de changer, de rompre, de changer, de trouver de nouveaux alliés sans problèmes. Mais pour avoir changé une virgule, on fait tout un tapage. C'est comme s'ils se sont réveillés il y'a pas longtemps pour dire allons vers la Russie. Nous sommes avec la Russie. Alors qu'on a toujours été avec la Russie. La coopération avec la Russie a été réveillée quand Tiebilé Dramé était ministre des Affaires étrangères" estime t-il.

Ecoutez les explications de Mahamadou Kane

Vers la fin de "l'unilatéralisme"

Pour le politologue Bakary Traoré, la relecture du traité de coopération militaire entre le Mali et la France met fin à l'unilatéralisme qui prévalait jusque-là. 

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" La révision de l'accord de coopération militaire entre le Mali et la France vise à redéfinir le cadre d'actions des différentes troupes, tant les troupes maliennes que les troupes françaises. Les autorités maliennes veulent que ce cadre soit désormais bilatéral et non unilatéral. Ça touche à la nécessité de clarifier certaines clauses de cet accord. Dès lors que les troupes maliennes ne peuvent pas se mouvoir sur le territoire malien sans l'autorisation de la France, ce qui pose énormément de problèmes. Troisième enjeu à mon avis, la présence et la durée des troupes étrangères sur le sol malien, notamment les troupes françaises" explique  Bakary Traoré.

La relecture de l'accord de coopération entre le Mali et la France survient au moment où la tension s'aggrave entre Bamako et Paris au sujet des paramilitaires de la société de sécurité privée russe Wagner.

Paris affirme que ceux-ci sont présents au Mali, ce que dément le pouvoir à Bamako qui admet la présence de militaires russes mais affirme qu'il s'agit d'instructeurs.

 

Cet article a été modifié après sa première publication.