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Mali : incertitudes et divisions

Marie-Ange Pioerron5 octobre 2012

Selon un quotidien allemand, les Etats-Unis seraient en train de se préparer à une intervention dans le Nord-Mali, même si la nature de cette intervention n'est pas encore très claire.

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Islamistes armés dans les rues de Gao, juin 2012Image : AFP/Getty Images

Ce quotidien c'est la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui se réfère elle même à deux grands médias américains: le Washington Post et le New York Times. De hauts fonctionnaires de la Maison Blanche , écrit la FAZ, ont manifestement livré aux médias des informations ciblées, selon lesquelles des "consultations secrètes" seraient en cours sur de possibles attaques unilatérales contre Al Qaida au Maghreb islamique. Le gouvernement américain envisage d'utiliser des drones, des avions sans pilote donc, contre des groupes terroristes islamistes dans le nord du Mali. Maintenant pour ce qui est de l'intervention d'une force de la CEDEAO, le journal note que, s'il n'y a toujours pas de mandat international pour combattre les islamistes au Mali, cela ne tient pas seulement aux hésitations du conseil de sécurité de l'ONU. Les dirigeants maliens sont eux-mêmes divisés, et personne ne peut dire actuellement quelle est la politique de l'armée malienne. Alors que le premier ministre Cheikh Modibo Diarra rejette toute discussion avec les islamistes radicaux, l'armée malienne discute à Alger avec des représentants d'Ansar Dine, l'un des groupes islamistes du nord.

Tunesien Demonstration Vergewaltigung
Manifestation en faveur de la jeune femme violéeImage : Reuters

Tunisie : combat pour l'hégémonie culturelle

En Tunisie, ce sont des islamistes dits modérés qui sont au pouvoir, mais l'affaire de la jeune femme violée par des policiers, puis accusée d'atteinte aux bonnes moeurs, fait craindre à la presse que les extrêmistes ne gagnent du terrain. La Tunisie, lit-on dans un éditorial de die Tageszeitung, est le théâtre d'un combat entre des religieux conservateurs, qui prêchent une morale profondément enracinée dans la société, et une société civile éclairée. Des conceptions morales d'une société d'hommes sont avancées pour camoufler les violences faites aux femmes. C'est l'éternelle hypocrisie. Dans la lutte pour l'hégémonie culturelle entre islamistes et forces laïques, l'affaire de cette jeune femme violée est un précédent. Il révolte les femmes de toutes les couches sociales, y compris les femmes voilées. Mais pour la première fois le silence né de la honte a été brisé, cette honte qui enferme les femmes violées dans la solitude. Dans une société traditionnelle, conclut le journal, c'est déjà un progrès.

Platinmine Rustenburg Protest
Grévistes à la mine de platine de RustenburgImage : AFP/Getty Images

Les déçus de l'après-apartheid

A l'autre bout du continent, en Afrique du sud, une commission d'enquête sur le massacre de Marikana a entamé officiellement ses travaux. Cela inspire à la presse des réflexions plutôt pessimistes sur l'état de l'Afrique du sud 18 ans après la fin de l'apartheid. Comme l'écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le travail de cette commission d'enquête est politiquement ultra-sensible: elle doit faire la lumière sur l'un des plus sombres chapitres de la récente histoire sud-africaine, tout en faisant le moins de bruit possible. Les trois juges ont pour mission d'élucider pourquoi et comment une grève sauvage de mineurs dans une mine de platine a dégénéré en bain de sang. La commission a jusqu'au mois de janvier de l'année prochaine pour rendre son rapport. La date n'a pas été choisie au hasard. Le Congrès national africain, le parti au pouvoir, élira un nouveau président en décembre. Jacob Zuma, le chef du parti, veut être réélu et ne veut pas voir Marikana à l'ordre du jour. L'Afrique du sud, écrit plus loin le journal, semble être aujourd'hui à la croisée des chemins. 18 ans après la fin de l'apartheid, les Sud-Africains ne croient plus aux promesses d'une vie meilleure pour tous. Selon des chiffres non officiels, le chômage atteint 40% et apparemment le gouvernement ne sait rien faire d'autre que d'envoyer la police contre un mécontentement social grandissant.

Südafrika Mine Streik Ende Julius Malema
Julius MalemaImage : Reuters

Dans ce contexte la Süddeutsche Zeitung note que Julius Malema n'a sans doute laissé passer aucune occasion de chevaucher cette vague de mécontentement. Le procès intenté pour blanchiment d'argent à l'ancien président de la ligue de jeunesse de l'ANC attise la lutte de pouvoir au sein du parti gouvernemental.

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Chars de l'armée congolaise à Rumangabo, juillet 2012Image : Reuters

Goma, ou quand des soldats accroissent l'insécurité

Enfin dans l'est de la République démocratique du Congo l'insécurité grandit dans la ville de Goma. Et elle est surtout alimentée par ceux-là mêmes qui devraient la combattre. C'est en tout cas ce qui ressort d'un reportage paru dans la presse allemande.Toutes les nuits les rues de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, retentissent de coups de feu, peut-on lire dans ce reportage que publie die tageszeitung le mardi 2 octobre. Ce sont souvent des salves entières de kalachnikovs qui sont tirées, des obus volent aussi, l'un d'eux a touché la voiture, en stationnement, du vice-gouverneur. Au moins sept personnes sont mortes la semaine passée dans des attaques, écrit le journal. Parmi elles des soldats de l'armée et de la garde présidentielle. Les attaques ont surtout lieu dans des quartiers de la ville où des soldats sont stationnés. Plus personne n'ose s'aventurer dans les rues après la tombée de la nuit. Depuis l'éclatement de la guerre en avril, des troupes ont été acheminées de tout le pays dans le Nord-Kivu pour combattre la rébellion du M23. Jusqu'à 6 000 soldats sont stationnés dans la seule ville de Goma. Mais depuis le cessez-le-feu informel avec le M23 à 40 km du nord de Goma, les soldats s'ennuient. Beaucoup se saoûlent le soir dans les bars. Mal payés ou pas payés du tout, ils saisissent toutes les occasions de piller des magazins ou de dévaliser des automobilistes. Le ministre congolais de l'intérieur, note le journal, promet de rétablir l'autorité de l'Etat. Mais l'on peut douter de l'utilité d'envoyer dans les rues encore plus de soldats qui tirent dans tous les sens.