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Mali : les magistrats poursuivent leur grève illimitée

11 octobre 2018

En grève illimitée, depuis onze semaines, les magistrats exigent une sécurisation des tribunaux et une augmentation salariale. Le gouvernement a décidé de réquisitionner de nouveaux magistrats.

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Mali Esel-Müllabfuhr in Bamako
Image : Reuters/L. Gnago

"Le gouvernement n'est pas habilité aujourd'hui à réquisitionner des magistrats" (Mahamadou Ouattara)

En prenant cette décision, le gouvernement malien a estimé que la grève entamée depuis le 25 juillet ne respectait pas le service minimum, tel que prévu par la loi. C'est pourquoi, au terme d’un décret, la ministre du Travail et de la Fonction publique, Diarra Raky Talla a enjoint les magistrats de reprendre immédiatement leurs activités.  


"Le gouvernement n'est pas l'organe habilité aujourd'hui à prendre des décisions de réquisitions contre les magistrats. Le pouvoir judiciaire est un pouvoir à part entière, qui est diffèrent complètement du pouvoir exécutif. Le pouvoir exécutif ne peut pas influer sur le pouvoir judiciaire. La seule autorité habilitée aujourd'hui à prendre de telles initiatives, de telles sanctions contre les magistrats, c'est le conseil supérieur de la magistrature",  répond Mahamadou Ouattara, substitut du procureur du Tribunal de grande instance de la commune 1 de Bamako.

Démission

Suite à ce décret de réquisition, le syndicat autonome de la magistrature et le syndicat libre de la magistrature ont tenu, mercredi (10.10.2018), une assemblée générale extraordinaire.

À l’issue de cette rencontre, les magistrats grévistes, ont exigé la démission du Premier ministre, du ministre de la justice, du ministre du travail et de la fonction publique et du président de la cour suprême. Ils promettent de maintenir leur mouvement, jusqu’à satisfaction totale de leurs revendications.

Conséquences

Depuis le déclenchement de la grève en juillet, les audiences ne se tiennent plus, les actes de justice ne sont pas délivrés. Bref, l’appareil judiciaire est complètement à l’arrêt.

"Les gardes à vue sont absolument pleines. Il y a beaucoup de détenus qui sont en situation de détention provisoire qui ne peuvent plus avoir accès à la justice. Quand la justice ne fonctionne pas, naturellement les avocats sont également bloqués. Cela porte atteinte à tous les segments de la population", reconnaît Maître Seydou Doumbia, le président d'Avocats sans frontières-Mali et avocat au barreau de Bamako.


Nous restons ouverts au dialogue, à condition que le gouvernement accède à nos revendications : sécurisation des audiences, améliorations des conditions de vie et de travail, entre autres, a affirmé Mahamadou Ouattara, substitut du procureur du Tribunal de grande Instance de la commune 1 de Bamako. Les autorités, elles, conditionnent les négociations à la reprise des activités dans les tribunaux.

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona