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Mariage mixte, un choix pas simple

17 novembre 2021

Rencontre avec un couple qui va à l’encontre des réticences et tente de faire évoluer les mentalités sur le métissage des cultures.

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Image : DW/ P. Bashengezi

Le Kasaï profond est marqué par de fortes traditions. Dans cette région de la République démocratique du Congo, les conservateurs considèrent que le métissage des cultures conduit les jeunes générations à perdre leur identité. Et ils s’opposent donc aux mariages entre communautés ce qui n'empêche pas un couple de tenter de faire évoluer les mentalités.

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Un tabou

S’unir à quelqu’un d’un autre groupe communautaire est encore si tabou pour certains que ce couple requiert l’anonymat. Mariés depuis trois ans, lui est Muluba et elle Mukongo. Ils nous reçoivent dans la véranda de leur maison. " Ça n'a pas été facile au début, mon père ne voulait pas de notre relation. Il ne cessait de répéter : Aucune de mes filles ne devrait être épousée par les Baluba. Pour Papa, les Baluba traitent mal leurs femmes. Mais moi je l'aimais déjà et comme nous avons étudié ensemble, Papa pensait que ça allait me passer. Il a fini par accepter quand ma grande sœur a épousé un Kasaïen qui avait déjà vécu en dehors du continent africain il y a longtemps… c’est là que j'ai eu ma chance " explique la jeune femme est mère d'une fillette âgée d’un an.

Préparatifs des femmes pour un mariage aux Comores.
Préparatifs des femmes pour un mariage aux Comores.Image : Imago/imagebroker

Pour elle, le mariage mixte n’est pas une mauvaise chose en soi. "C'est possible de vivre ensemble avec l'homme qu'on aime. C'est à l'homme de poser des bases pour éviter l'ingérence de la belle-famille dans les problèmes intimes du foyer. Au début de notre vie conjugale, j'avais des difficultés, parce que je voyais notre papa, lui qui a fait l'internat, s'occuper de certaines tâches à la maison et je pensais que c'était normal. Au début, je le demandais à mon mari, il ne voulait pas et il me disait souvent qu'il était fatigué. Finalement, j'ai compris qu’au Kasaï, il y a des tâches propres aux garçons et des tâches propres aux filles. Depuis leur bas âge, les enfants sont éduqués comme ça " explique t-elle.

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De l'évolution

Aujourd'hui, les choses ont évolué, les barrières culturelles tombent du fait des études et des voyages, qui sont plus courants qu’avant, selon Boniface Beya Ciyombo. Sociologue de formation, il explique pourquoi ce tabou est né, autour de l’union entre certaines communautés. Selon lui "aujourd'hui le mixage culturel s'opère aisément, on commence à tolérer, (…) je pense que c'est dû à l'aisance des voyages aux études au point que la vision du mariage a changé. D'autre part, l'action est aussi menée par les ONG. Quand elles viennent, elles viennent avec le sens du genre, l'égalité de sexes, le sens de tolérance et tout cela fait que les choses changent en faveur des mariage mixtes."

Cliquez pour écouter les précisions d'Emmanuel Kalondji

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Selon le sociologue, les causes de cette situation sont multiples mais la principale serait de sauvegarder l'identité culturelle, et avec tous ce qu'il y a comme corolaire, l'intolérance, l'opposition il fallait se protéger contre les autres cultures. " C'est cette identité culturelle qui a créé la fissure du mariage mixte " précise Boniface Beya Ciyombo qui estime que le travail des ONG facilite aussi l’ouverture des esprits et que le mariage mixte ne sera plus un problème pour les générations futures.