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Mariam devant l'ONU : "J'imagine ce que je ressentirais, si je ne pouvais plus aller à l'école"

Mahamadou Kane
3 juillet 2020

C’était une voix rare devant les diplomates onusiens. En visioconférence, Mariam, une jeune malienne de 15 ans a demandé le 23 juin dernier au conseil de sécurité de l’ONU d’agir pour protéger les enfants dans les zones de conflits.

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"Que faites-vous pour que les enfants enlevés soient retrouvés et rejoignent leurs familles?", c’est la question que la jeune Malienne a posée aux membres du Conseil de sécurité de l'ONU en faisant allusion aux viols dont sont victimes filles et garçons dans le Centre et le Nord du Mali. Elle a articulé son intervention autour des conséquences néfastes que les guerres et les conflits produisent sur les enfants.

Mariam, membre du Parlement national des enfants au Mali s'est confiée à la Deutsche Welle.  

Pour écouter l'interview, cliquez sur l'image ci-dessus.

Bonjour Mariam, quelle impression cela fait-il de parler devant le Conseil de sécurité des Nations unies ?

Parler devant le Conseil de sécurité des Nations unies est une chose incroyable. Mais le plus marquant, c'est que j'ai pu faire passer le message de mes pairs. Plus précisement la situation des enfants déplacés internes à cause des conflits. Je pense que cette question mérite beaucoup d'attention et que des mesures adaptées doivent être prises.  

Comment, à 15 ans, vous avez été sensibilisée à cette problématique particulière ? Est-ce que vous avez des parents, des amis qui ont été victimes de violences ?

Des enfants de Gao saluent des soldats de l'armée allemande stationnés au Mali
A cause du conflit qui déchire le Mali, de nombreux enfants voient leur avenir menacéImage : Getty Images/A.Koerner

En tant que membres du Parlement national des enfants du Mali, nous sommes souvent confrontés à ce genre de questions. Nous discutons parfois avec nos pairs, enfants parlementaires du Centre et du Nord du pays. Cette problématique est très importante. Vous savez, je suis une enfant. Et j'imagine ce que je ressentirais, si je ne pouvais plus aller à l'école, plus avoir accès aux soins de santé ou si j'étais victime de violences. C'est par rapport à tout cela, que je me suis dit qu'il fallait prendre la parole et parler au nom de ces enfants, qu'on n'entend pas forcément.

Lire aussi →Appel à lutter contre le terrorisme au Sahel à l'ONU

Au Mali, nous sommes tous de la même famille. Chaque Malien, directement ou indirectement, a été confronté au conflit. Lors du débat ouvert du Conseil de sécurité des Nations unies, j'ai mentionné les histoires de Mohammed et de Bakary. Ils sont dous deux dans des situations que vivent les enfants au quotidien, en situation de conflit. Ce qu'il faut retenir, c'est que de nombreux enfants sont victimes de violences multiples. Et cela est une problématique à prendre au sérieux. 

Comment se faire entendre justement et être pris au sérieux, par les décideurs, quand on est une jeune fille comme Mariam ?

Je crois sincèrement, si ce que je dis réflète la réalité, et si je suis sincère dans mes dires, je me ferai entendre. La problématique que je défends, est une réalité. Et des mesures doivent être prises pour qu'aucun enfant ne soit plus victime de violences

Avez-vous des modèles de jeunes qui vous ont inspirée ?

Mon modèle est et restera toujours mon père qui m'a inculqué de toujours venir en aide aux personnes dans les situations difficiles. Et je crois que j'essaierai d'agir dans ce sens pour porter la voix de mes pairs qui sont dans les conditions difficiles. 

Est-ce qu'il y a des jeunes qui vont inspirée ?

A Tombouctou, région du Nord du Mali. Ces filles font des petits commerces pour leurs parents
Certains enfants ne peuvent pas aller à l'école et ont besoin d'être protégés des abusImage : DW/K. Gänsler

Oui. Il y a des jeunes qui m'ont inspirée. Il y a des grandes soeurs du Parlement (Ina Bocoum, Mariam Adjana Bango) qui sont vraiment là et qui se battent pour ces enfants. 

Mariam, en quelle année avez-vous intégré le Parlement national des enfants ?

Moi j'ai intégré le Parlement en avril 2016. Donc j'étais là en tant que sympathisante. Je participais aux activités et je voyais ce qui se faisait. Cela me plaisait beaucoup parce que moi, je suis venue au Parlement par plaisir. Moi j'aime aider les enfants comme moi qui n'ont pas eu la même chance que moi d'évoluer dans des conditions de vie favorables.

Comment envisagez-vous votre avenir militant dans les jours, mois ou années à venir ?

Je prie le bon Dieu pour que la lutte que nous avons engagée, mes pairs du Parlement national des enfants et moi, porte ses fruits. Nous avons la chance d'avoir l'appui d'une organisation comme Save the Children. Je vais continuer dans ma lancée parce que je suis convaincue que chaque enfant a le droit à l'éducation, à la santé et à la protection. 

Vous avez dit devant le Conseil de sécurité que vous voudriez devenir magistrate. Qu'est-ce qui motive ce choix ?

Ma motivation pour être magistrate est que moi je veux une meilleure vie pour les enfants. Je veux défendre les droits de ces enfants qui sont victimes de conflit. Et je veux améliorer leurs conditions de vie.

Mariam, merci !

Merci beaucoup !