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Maroc - Soudan

Marie-Ange Pioerron17 octobre 2003

Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

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Nous commençons cette semaine par le Maroc où le roi Mohammed VI a annoncé une vaste réforme du code de la famille. Le Kölner Stadt-Anzeiger titre sur « la révolution de Mohammed ». Faire de la femme l'égale de l'homme devant la loi, écrit le journal, est une démarche courageuse, presque révolutionnaire dans un pays de plus en plus islamiste où le voile et les barbes sont de plus en plus à la mode. Il y a trois ans déjà, lorsque le gouvernement marocain avait proposé une réforme du code du statut personnel, les islamistes avaient organisé une manifestation d'une ampleur encore jamais vue dans le pays. Le roi, qui parallèlement cherche à neutraliser les islamistes par la répression, entreprend maintenant une nouvelle tentative à l'issue incertaine. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le jeune roi du Maroc vient de tenir, dans sa quatrième année de règne, une promesse attendue depuis longtemps par deux groupes de la société marocaine : les jeunes et les femmes. Placer la famille sous la responsabilité conjointe des époux, et non plus sous la tutelle exclusive de l'homme, porter l'âge minimal de mariage de 15 à 18 ans pour les filles, donner aux femmes le droit de demander le divorce et même la garde des enfants - autant de mesures, note le journal, qui font du Maroc le troisième pays arabe seulement, après la Tunisie et le Liban, à accorder de tels droits aux femmes. Ce faisant, poursuit le journal, le roi Mohammed VI prend des risques considérables dans ses rapports avec les islamistes radicaux qui, il y a quelques mois, ont fait parler d'eux par de sanglants attentats suicides à Casablanca. La Frankfurter Rundschau parle de la fuite en avant de Mohammed VI. Harcelé par les islamistes qui font campagne contre la pauvreté et l'injustice, il cherche l'appui de la population féminine. Mais souligne lui aussi ce confrère, malgré son pouvoir, le souverain prend un risque énorme. Si les islamistes, tant aux législatives de septembre 2002 qu'aux récentes élections municipales, n'ont présenté des candidats que dans une partie des circonscriptions, ils ne sont pas moins le principal parti d'opposition dans le pays.

D'autres islamistes font parler d'eux cette semaine dans la presse allemande - les islamistes soudanais après la libération de Hassan el-Turabi. Il avait été arrêté il y a deux ans et demi à Khartoum puis assigné à résidence. Compagnon de route politique, pendant de longues années, du président Omar al-Béchir, c'est lui, rappelle la Frankfurter Rundschau, qui a imposé l'islamisation du Soudan. Sa libération, de même que la levée de l'interdiction de son parti, le Congrès national populaire, traduisent un assouplissement du régime, note le journal, mais dans le sud chrétien cet assouplissement ne peut qu'être vu d'un oeil sceptique. Quelques jours seulement avant la libération d'al Turabi, son parti a en effet critiqué l'accord militaire conclu avec le nord arabo-musulman et acclamé, précisément, dans le sud. Pour le Congrès national populaire, cet accord a le défaut d'avoir été conclu « sans la participation d'autres forces politiques du pays ». Bref, conclut le journal, les observateurs pensent que le président al Bachir, en remettant les islamistes en selle, cherche à nouveau à renforcer sa position dans les négociations avec le sud.

Enfin à l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation, célébrée le 16 octobre, la Frankfurter Allgemeine Zeitung publie un article signé conjointement par Heidemarie Wieczorek-Zeul, la ministre allemande de la Coopération, et André Wiltzer, le ministre délégué français à la Coopération. On lit sous leur plume que la pénurie alimentaire frappe principalement l'Afrique et que la coopération a aussi pour mission d'en combattre les causes. Mais soulignent les deux ministres, nous savons aussi qu'une entreprise agricole ne peut se développer durablement que si la productivité s'accroît. Beaucoup de pays africains peuvent y parvenir en appuyant leurs organisations agricoles. Et de citer l'exemple de la Guinée où, après s'être regroupés, les producteurs d'oignons et de pommes de terre du Fouta Djalon ont pu rationaliser leurs méthodes de culture, accroître leur production et améliorer leur niveau de vie.