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Migration : quand les populistes s'invitent dans le débat

Carole Assignon | Jean-Michel Bos
29 juin 2018

Les participants au sommet de Bruxelles proposent la création de "plateformes de débarquements" de migrants en dehors de l'UE et de "centres contrôlés" pour les migrants secourus dans les eaux européennes.

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Belgien EU-Gipfel in Brüssel
Image : Reuters/S. Lecocq

La “nouvelle approche”, selon le jargon de Bruxelles, proposée par l’Union européenne pour répondre à la crise migratoire, offre la vision de camps de réfugiés installés en Afrique du Nord - les plateformes de débarquements.
Des idées promues depuis des années par les partis d'extrême-droite et qui viennent d'être assimilées le plus naturellement du monde par les Etats européens lors du sommet qui s'est terminé ce vendredi. Mais qu'il s'agisse de "plateformes de débarquements" en Afrique du Nord ou de "centres contrôlés" au sein de l'Union européenne, aucun pays ne s'est porté volontaire jusqu'à présent pour les accueillir sur son sol.
François Gemenne est chercheur en sciences politiques à l’université de Liège, il travaille sur cette problématique de la migration et pour lui, si la coopération reste difficile sur ce dossier, c’est que les populistes ne sont pas très loin.

Les gouvernements refusent toute idée de coopération sur le sujet parce qu’ils voient les questions d’asile et de migration comme un élément essentiel de leur souveraineté nationale qu’ils refusent de confier à une autorité supranationale, en l’occurrence l’UE. Maintenant que les populistes sont arrivés au pouvoir dans beaucoup de pays d’Europe, chacun essaie de faire un coup politique auprès de son électorat. Nous sommes dans un cercle vicieux qui menace le projet même de l’Europe. Comme ce sont les populistes qui ont pris la main sur ce dossier, leur intérêt c’est de le transformer en une crise permanente pour qu’il y ait davantage de populisme en Europe”, explique-t-il.

Le problème de la migration "secondaire"

Belgien - EU-Gipfel in Brüssel - Merkel und Kurz
Image : picture alliance/dpa/AP/G. Vanden Wijngaert

L'accord trouvé à Bruxelles appelle également les Etats membres à "prendre toutes les mesures" internes nécessaires pour éviter les déplacements de migrants entre pays de l'Union européenne. Cette migration dite "secondaire" converge souvent vers l'Allemagne, où le sujet fait débat. Le ministre allemand de l’Intérieur, chef de la CSU bavaroise, menace ainsi de prendre la décision unilatérale de refouler ces migrants aux frontières. 

Manfred Guellner est directeur de l'Institut Forsa et il explique comment les partis populistes et d'extrême-droite imposent aujourd'hui leur agenda politique : "Nous avons interrogé des citoyens dans toute l'Allemagne et en Bavière, et la majorité nous a dit que cela n'avait rien à voir avec cette question (migratoire), que les revendications de la CSU sont une pure tactique de campagne électorale, due aux prochaines élections en Bavière."

Lors des élections législatives de septembre 2017, la CSU a enregistré son plus mauvais résultat depuis des décennies, victime d’un vote de rejet au profit des extrêmes et surtout des populistes de l’Alternative für Deutschland (AfD). 
En étant plus dur sur le front de l’immigration et en adoptant le discours de l'AfD, la CSU espère reconquérir son électorat. 

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique
DW Mitarbeiterporträt Jean-Michel Bos
Jean-Michel Bos Journaliste au programme francophone de la DW.JMBos