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Mission Atalante: un cataplasme

20 avril 2012

La Somalie domine l'actualité africaine dans les journaux. Le gouvernement allemand a donné son feu vert à l'extension de la mission Atalante. La décision doit encore être avalisée par la chambre des députés.

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La frégate allemande Brandenburg de retour d'une mission contre la piraterieImage : dapd

Si les parlementaires donnent leur accord, la marine allemande pourra elle aussi frapper les repaires des pirates somaliens sur les côtes. La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève que l'extension du mandat de la mission Atalante était souhaité par les Français, les Néerlandais et surtout les Britanniques, alors que les Allemands ne la souhaitaient pas vraiment. Die Welt note lui aussi que le gouvernement allemand voit d'un oeil sceptique l'extension de cette mission européenne de lutte contre la piraterie. Mais après son refus de participer l'an dernier à l'opération en Libye il ne souhaitait pas que sa fidélité envers ses alliés soit de nouveau remise en question. Cela dit poursuit Die Welt, l'armée allemande est elle même sceptique. Comme l'a déclaré au journal l'inspecteur général de la Bundeswehr, l'opération militaire ne peut combattre que les symptômes.

Piraterie Bildergalerie
Des pirates présumés arrêtés par des soldats portugaisImage : picture-alliance/dpa

Même son de cloche dans la Süddeutsche Zeitung. Il est juste, écrit le journal, de ne pas arrêter la traque d'un criminel sous prétexte qu'il a franchi une frontière - dans le cas présent la ligne d'eau. Mais l'extension du mandat ne traite que les symptômes. Les causes de la piraterie restent entières. La mise en place d'un ordre étatique en Somalie, capable de combattre la piraterie de l'intérieur, a peu de chances de réussir à court terme. Le gouvernement allemand doit donc insister pour que la communauté internationale opère avec une plus grande détermination contre les commanditaires. Il est acquis depuis longtemps que la piraterie au large de la Corne de l'Afrique est une criminalité organisée dont les commanditaires se trouvent dans les plus grandes places financières du monde.

Mali Ministerpräsident Scheich Modibo Diarra
Cheikh Modibo DiarraImage : picture-alliance/dpa

Un premier ministre accroché aux étoiles

L'Afrique de l'ouest n'est pas absente pour autant des colonnes de la presse allemande. Et pour cause: le Mali et la Guinée Bissau ont de quoi faire couler de l'encre. Au Mali tout d'abord l'astrophysicien Cheikh Modibo Diarra a été nommé premier ministre. Cheikh Modibo Diarra, rappelle la Süddeutsche Zeitung, a été "navigateur interplanétaire" à la Nasa, lui qui dans sa jeunesse, comme beaucoup de jeunes, rêvait plus d'espace que de hautes fonctions gouvernementales. Si les putschistes, le président intérimaire Dioncounda Traoré et la Communauté des Etats d'Afrique de l'ouest, se sont mis d'accord pour le nommer au poste de premier ministre, cela tient sans doute au fait que le très célèbre astrophysicien n'a joué jusqu'à présent qu'un rôle secondaire sur la scène politique malienne. A l'inverse, poursuit le journal, d'autres membres de sa famille: Cheikh Modibo Diarra est le gendre de l'ancien dictateur Moussa Traoré, son frère Sidi Sosso Diarra a présidé la cour des comptes. A présent ce nouveau venu en politique va devoir organiser des élections et s'arranger avec les putschistes qui ont certes cédé le pouvoir au président par intérim mais qui continuent de revendiquer un rôle.

Guinea-Bissau Militärputsch
A la sortie d'une réunion entre putschistes et ex-opposition au régime renverséImage : Reuters

Du sable dans l'engrenage militaire

En Guinée-Bissau, la transition s'annonce plus longue qu'au Mali. De nouvelles élections pourraient avoir lieu dans un délai de deux ans. Mais d'ici là un nouveau putsch n'est pas exclu aux yeux de la presse allemande. Comme le souligne la Frankfurter Allgemeine Zeitung, en Guinée-Bissau les coups d'Etat militaires sont plus la règle que l'exception. Depuis l'indépendance du pays en 1974 aucun président n'est allé au bout de son mandat. Comme le Mali, la Guinée-Bissau s'apprêtait à élire un nouveau président (le second tour était prévu le 29 avril). Pour les militaires le coup d'Etat était apparemment la dernière possibilité d'empêcher l'élection de Carlos Gomes Junior à la présidence et par là-même de stopper sa politique de démilitarisation. La Guinée-Bissau, poursuit le journal, est le seul pays de la région à avoir arraché son indépendance par la lutte armée. Les militaires en tirent beaucoup de privilèges. Le fortuné homme d'affaires Carlos Gomez Junior appartient en revanche à cette élite formée par le colonisateur. En tant que premier ministre il avait déjà tenté de réformer les forces de sécurité. Il voulait réduire l'armée d'un quart de ses soldats et accroître les forces de police pour faire contrepoids aux militaires. Carlos Gomez Junior voulait poursuivre cette politique après son élection à la présidence. Les nouvelles forces de police auraient surtout dû intervenir contre le trafic de drogue dans lequel l'armée est largement impliquée.

Sudan Kämpfe zwischen Sudan und Südsudan
Après des combats à proximité d'HegligImage : picture-alliance/dpa

Les Soudans sur le volcan

Enfin la situation à la frontière entre les deux Soudans continue d'inquiéter la presse allemande. Cela fait des semaines que les deux pays sont sur pied de guerre. Moins d'un an après l'indépendance du Soudan du sud, lit-on dans die Tageszeitung, les deux Etats sont au bord de la guerre. L'occupation du champ pétrolifère d'Heglig par le Soudan du sud n'est que le dernier maillon d'une longue chaîne de provocations réciproques. L'exemple dissuasif de l'Ethiopie et de l'Erythrée devrait donner à réfléchir aux deux pays. L'Erythrée, rappelle le journal, a été occupée pendant des décennies par l'Ethiopie et n'est devenue indépendante qu'après un coup d'Etat en Ethiopie. Mais très vite les deux pays se sont livré une guerre acharnée qui a fait des dizaines de milliers de morts. En apparence pour des zones frontalières non délimitées. En réalité c'était une guerre pour l'hégémonie régionale. Une leçon peut en être tirée, souligne le journal. Avant de créer un Etat il faut en délimiter très clairement les frontières.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum