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Mohamed Morsi acculé de toutes parts

Kersten Knipp et Sandrine Blanchard2 juillet 2013

Un bras de fer s'engage, en Égypte, entre le président et l'armée. Mohamed Morsi a rejeté l'ultimatum de 48 heures fixé par l'armée pour accéder aux revendications des manifestants. Les rassemblements continuent.

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Un poster de Mohamed Morsi, lors d'une manifestation pro-Morsi à Istanbul le 1er juillet
Un poster de Mohamed Morsi, lors d'une manifestation pro-Morsi à Istanbul le 1er juilletImage : OZAN KOSE/AFP/Getty Images

Les manifestants sont toujours mobilisés au Caire, contre le parti des Frères musulmans, et pour réclamer la démission du président. Deux ans après la chute de Hosni Moubarak, le ton se durcit.

Les démissions pleuvent

L'heure n'est plus à la négociation. Les démissions se multiplient au sein du gouvernement, signes de l'affaiblissement politique du président Morsi : un nouveau ministre, celui des Affaires étrangères, a démissionné. C'est le cinquième à déserter le navire Morsi, suivi, à la mi-journée, par les porte-parole de la présidence et du gouvernement. Le ministre de la Justice a pour sa part nié l'information relayée par la chaîne Al-Arabiya, qui faisait état d'une démission collective du gouvernement.

La justice aussi ose désormais contredire Mohamed Morsi. La Cour d'appel du Caire vient d'ordonner la réintégration du procureur général qui avait été limogé par le chef de l'État.

Ägypten Proteste gegen Mursi Kairo 02.07.2013
La mobilisation continue place TahrirImage : Reuters

Reconnaître la diversité sociale

Difficile, dans ce contexte tendu de retrouver un semblant d'union nationale, pourtant nécessaire pour trouver une issue à la crise, selon Ahmed Kamaly, économiste de l'université américaine du Caire, interrogé par notre consoeur Kersten Knipp :

« L'incertitude est grande et ceux qui occupent les positions clefs manquent d'expérience. Si la situation politique s'améliore, la situation économique ira mieux aussi. L'urgence en Égypte actuellement, c'est la stabilité politique, sans quoi je ne suis pas très optimiste pour son avenir. »

Au sein de la population, la grogne continue : toute une frange des Égyptiens se sent délaissée par les islamistes au pouvoir. Elle reproche aux Frères musulmans leur mainmise sur tous les secteurs d'activité et de décision, renforcée par de nouvelles nominations récentes à des postes symboliques comme la direction de l'opéra de la capitale.

Proteste Ägypten
L'armée va-t-elle se retourner contre le chef de l'État ?Image : Getty Images

Un népotisme mal vu

Or, ce népotisme rappelle de mauvais souvenirs aux Égyptiens qui se sont débarrassés de la dictature il y a deux ans et demi. L'exclusion de certains groupes, comme les chiites et les coptes notamment, mais aussi l'islamisation forcée de la société, ainsi que le refus du pluralisme politique par les autorités, voilà ce qui a déclenché cette nouvelle vague de mécontentement.

Armée contre président

Mais le président Morsi continue de faire la sourde oreille, y compris à l'ultimatum posé par les forces armées. Le chef de l'État joue gros, dans un pays où, malgré la révolution de 2011, l'armée continue de détenir les secteurs clefs de l'économie du pays. L'armée a d'ailleurs menacé d'intervenir contre le pouvoir en place. On se souvient que c'est son refus d'intervenir contre les manifestants de 2011 qui avait précipité la chute du régime Moubarak.

L'opposition politique au président Morsi a fait savoir mardi matin qu'elle ne soutiendrait pas un éventuel coup d'État.

Pour l'heure, les Nations unies appellent les Egyptiens à "un dialogue national sérieux". Pour éviter de nouvelles effusions de sang.