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Mort de Simon Wiesenthal

Christophe LASCOMBES21 septembre 2005

Ce matin, bien que les sujets de politique nationale retiennent l’ensemble des commentaires de la presse allemande, tous les journeaux saluent d’une manière assez particulière la mémoire de Simon Wiesenthal, décédé hier à l’âge de 96 ans.

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Celui qui avait réussi à faire condamner Eichmann, l'un des exécuteurs de la "solution finale" s'est éteint à Vienne à 96 ans.
Celui qui avait réussi à faire condamner Eichmann, l'un des exécuteurs de la "solution finale" s'est éteint à Vienne à 96 ans.Image : AP

En effet, curieusement, aucun des grands quotidiens allemands de grande envergure ne consacre un seul éditorial à la mémoire de celui qui était pour l’Allemagne le « chasseur des crimes nazis ».

Pourtant, la Bildzeitung, le quotidien le plus lu d’Allemagne, affirme « nous nous sommes appauvris ». Pour elle Simon Wiesenthal était un chasseur, un survivant, un justicier, qui depuis sa création a toujours affirmé son soutien à Israël et au peuple juif.

La Tageszeitung, de Berlin, si elle rend hommage à l’homme, n’hésite pourtant pas à parler des moyens « discutables » avec lesquels le Centre de Documentation de Simon Wiesenthal voulait relancer la chasse aux criminels nazis avec entre autres, une opération « Dernière chance » avec prime de 10 000 euros pour tout renseignement conduisant à une condamnation.

Pour Die Welt, « l’architecte de la Justice » comme elle intitule son portrait en pleine page intérieure refusait de participer au grand jeu de l’oubli. Et le journal de citer le Talmud, l’ouvrage religieux essentiel de la vie et de la foi juive : « Le secret du salut réside dans le souvenir ».

La Frankfurter Rundschau rappelle que c’est le fait de survivre au camp de concentration allemand de Matthausen chargeait Simon Wiesenthal d’une mission de souvenir : être la voix de tous ceux qui avaient été réduits au silence.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung évoque l’affaire Waldheim, l’ancien chancelier autrichien et Secrétaire général de l’ONU, soupçonné de crimes de guerre. Après vérification soigneuse des faits, témoignages et documents, Simon Wiesenthal avait pu blanchir Kurt Waldheim de ces accusations et redorer ainsi la réputation de son Centre de Documentation dans une Autriche qui entretenait avec lui des rapports ambigus.

Pour la Süddeutsche Zeitung, enfin, Simon Wiesenthal possédait une trempe intérieure semblable à une plume d’acier qui lui a permis de résister toutes ces années aux horreurs des camps, puis aux vicissitudes de sa lutte incessante contre les anciens bourreaux de sa famille et de son peuple. Peu à peu, le chasseur est devenu instance morale incontournable, il est devenu un mythe, conclut le quotidien.