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Mort de Terri Schiavo

Sandrine Blanchard1 avril 2005

Le cas de cette Américaine dans un coma végétatif depuis 15 ans a suscité de vifs débats sur l’euthanasie. Son mari avait en effet exigé, contre le gré des parents de la patiente, que les médecins lui enlèvent la sonde gastrique qui la maintenait artificiellement en vie. Commentaires de la presse allemande.

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Manifestations de soutien aux parents de Terri Schiavo
Manifestations de soutien aux parents de Terri SchiavoImage : AP

Force est de constater que c’est essentiellement la presse « de gauche » qui consacre des commentaires au cas Schiavo.

La Süddeutsche Zeitung revient sur la bataille judiciaire et médiatique que se sont livré les deux camps familiaux, celui des parents, catholiques intégristes, et celui du mari et tuteur. Une bataille sur les plateaux de télévision, où les partisans des parents ont été jusqu’à comparer Terri Schiavo à Anne Frank, jeune fille juive morte dans un camp d’extermination nazi. Le journal explique que les conservateurs ont tenté de démontrer que l’appareil judiciaire se montrait implacable et allait à l’encontre de la miséricorde chrétienne, et justement en Floride, un état certes gouverné par John Bush, le frère du président, mais où la justice demeure l’un des derniers bastions démocrates.

La tageszeitung estime que le cas de Terri Schiavo a été l’occasion pour les chrétiens évangélistes, les anti-avortement et les dignitaires catholiques de lancer une offensive politico-idéologique contre les juges américains, et les démocrates. Sauf que dans ce cas précis, conclut la taz, les républicains semblent s’être fourvoyés. Un sondage montre que la majorité des Américains estiment qu’avec la loi sur le cas Schiavo, le Congrès a dépassé les limites de ses prérogatives.

La Frankfurter Rundschau publie l’article d’une biologiste et philosophe, Nicole C. Karafyllis. Elle relève la métaphore végétale filée dans les médias, où l’on parlait d’une Terri Schiavo dans un coma végétatif, qui se fanait de jour en jour. Parce que son système nerveux animal, qui entraîne la conscience d’un environnement extérieur, n’était plus en état de fonctionner, Terri Schiavo en était réduite à des fonctions vitales inconscientes, comme la respiration, le pouls ou la digestion. La scientifique explique que les plantes ont une position particulière dans la hiérarchie de la nature, entre la matière morte et les êtres vivants tels que les animaux ou les êtres humains. Et si le débat éthique, sur les patients en coma végétatif, ou sur le statut des embryons, piétine toujours, c’est que les philosophes, d’Empédocle à Plessner, en passant par Platon ou Kant, ne sont jamais parvenus à définir ce statut des plantes, ni à répondre à cette question primordiale : qu’est-ce qui fait des plantes plus qu’une « chose vivante », comme disait Aristote, un être vivant à part entière.