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Mukwege dédie son prix à toutes les femmes

Carole Assignon26 septembre 2013

Le médecin congolais Denis Mukwege a reçu le Prix Nobel alternatif pour son combat en faveur des femmes victimes de viols en RDC. Cette récompense, dit-il, est aussi un encouragement pour toutes les femmes. Interview.

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Image : Stina Berge

« Nous sommes vraiment à un moment où c’est très important pour les femmes en période de conflit… Je reviens de New York et j’ai été très bouleversé de voir que 113 pays veulent s’engager sur une déclaration pour lutter contre le viol comme arme de guerre. Ce prix nous a beaucoup touchés dans ce sens que les femmes qui sont en zone de conflit et qui sont martyrisées seulement parce qu’elles sont femmes, on sent que le monde commence à se mobiliser pour refuser ce type de traitement. C’est très encourageant. »

DW : Où en est le combat que vous menez en faveur des femmes victimes de violence ?

« En République démocratique du Congo, notre combat est toujours à l’ordre du jour. Avant de partir il y a quelques jours, j’ai encore traité de nouvelles victimes récemment violées. Et malheureusement, ces derniers mois, on a observé que même des bébés sont violés. Le problème est là, il reste intact. Les femmes de la RDC ont besoin de cette mobilisation internationale, elles ont besoin de sentir qu’elles ne sont pas seules, elles ont besoin de sentir qu’elles sont soutenues dans leur lutte de tous les jours pour leur droit de vivre.

Aujourd’hui, pour la première fois, nous avons l’accord-cadre d’Adis Abeba qui essaie d’adresser les causes de ces brutalités. Pour cette raison, nous pensons que notre lutte est sur une bonne voie. Nous espérons que cet accord ne va pas rester lettre morte et qu’il va déboucher sur des actions concrètes pour mettre fin à ces atrocités. »

DW : Sur place en RDC, vous dirigez un hôpital mais votre combat passe également par la sensibilisation de la jeunesse. Cette approche est-elle efficace ?

« Je crois qu’on ne peut pas obtenir de changements sociaux ou des changements de comportement si on ne sensibilise pas la jeunesse. Les jeunes représentent plus de la moitié de la population en Afrique. Ces jeunes peuvent être manipulés, ils le sont d’ailleurs par moment. Il faut pouvoir sensibiliser la jeunesse pour qu’elle comprenne qu’elle a aussi un rôle à jouer par rapport à ce qui se passe dans leur milieu. Il faudrait que la jeunesse comprenne que quand une petite fille est violée, c’est leur sœur qui est violée. Et que quand c’est une mère, c’est leur mère. Je crois que cette sensibilisation est très importante car elle est la seule façon d’amener la communauté à prendre conscience de ce qui se passe.

Nous avons un programme appelé « Badilika » (« change ! » en swahili). C’est toute une mentalité qui doit changer dans cette région et dans les régions en conflit. Les hommes doivent changer leur façon de voir les femmes dans les conflits. »