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Ne pas manger de chauves-souris

Marie-Ange Pioerron28 mars 2014

Une épidémie de fièvre hémorragique en Guinée, des pays voisins touchés - c'est un sujet qui retient l'attention de la presse allemande.

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Collaborateurs de MSF en combinaisons de protection dans un village guinéen
Collaborateurs de MSF en combinaisons de protection dans un village guinéenImage : MSF

La Frankfurter Allgemeine Zeitung relate par exemple le récent voyage du ministre guinéen de la santé dans la région frontalière du Libéria. Le principal message du ministre aux populations, note le journal, s'est résumé à ceci: ne mangez plus de chauves-souris. On suppose, poursuit la FAZ, que le virus Ebola est transmis par la consommation de viande de singes, qui se sont auparavant infectés avec des fruits porteurs d'excréments de chauves-souris. En Afrique de l'ouest les chauves-souris passent pour une délicatesse. C'est une viande riche en protéines, et bon marché, les forêts grouillent de chauves-souris et il est facile de les attraper. Entre-temps, note encore le journal, il est à peu près certain que l'épidémie a éclaté suite à un enterrement - probablement l'enterrement de la première victime d'Ebola. Dans les rituels funéraires africains, le contact physique avec la dépouille du défunt est normal. Or le virus Ebola se transmet entre humains par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus des sujets infectés.

Charles Blé Goudé à la CPI le 27 mars 2014
Charles Blé Goudé à la CPI le 27 mars 2014Image : Reuters

Une deuxième Ivoirien devant la CPI

La plupart des victimes jusqu'à présent ont été recensées en Guinée. Des cas ont été signalés aussi en Sierra Leone et au Libéria, la Côte d'Ivoire a appelé la population à ne pas manger de petits rongeurs. Mais il y a un autre événement qui capte actuellement l'attention des Ivoiriens: Charles Blé Goudé, l'ancien chef des Jeunes Patriotes, a comparu pour la première fois devant la Cour pénale internationale. Il est inculpé de crimes contre l'humanité. Un chef de milice sous les verrous, titre die tageszeitung. Il y a dix ans, rappelle le journal, rien ne se faisait en Côte d'Ivoire sans Charles Blé Goudé. L'ancien leader étudiant était l'un des partisans les plus bruyants et les plus radicaux du président Laurent Gbagbo. Comme fondateur et leader de la milice des Jeunes Patriotes il encourageait les propos incendiaires contre la France, ses miliciens formaient une réserve paramilitaire prête à faire la chasse aux présumés sympathisants des rebelles de l'époque dans le nord du pays. Son extradition vers la CPI, estime le journal, a été juridiquement correcte. Il n'est pas certain qu'elle ait été politiquement judicieuse. La Côte d'Ivoire a besoin d'un dialogue entre le gouvernement Ouattara et les partisans de Gbagbo, si l'on veut éviter que les prochaines élections, en 2015, débouchent sur une nouvelle guerre.

Lors de l'élection présidentielle de 2010 au Burundi
Lors de l'élection présidentielle de 2010 au BurundiImage : picture-alliance/dpa

La paix en péril au Burundi

Le risque d'une nouvelle guerre civile est aussi évoqué dans la presse à propos du Burundi. La Neue Zürcher Zeitung, un journal suisse de langue allemande, relève que la protection de la minorité tutsie au Burundi est en train de vaciller, alors que des opposants sont condamnés dans des simulacres de procès. C'est un compromis historique qui est en péril, souligne le journal. L'accord de paix d'Arusha, et la constitution qui en découle, sont considérés, au moins sur le papier, comme des modèles pour la solution de conflits longs et sanglants dans la région des Grands Lacs. L'accord a été conclu il y a 14 ans grâce à la médiation de Nelson Mandela, et avec l'aide d'un expert suisse en droit constitutionnel, Julian Hottinger. Il assure indirectement au groupe tutsi 40% des sièges à l'assemblée nationale et autant au sénat. Les tutsis, note le journal, représentent environ 14% de la population, contre 85% pour les hutus. L'accord d'Arusha, devait mettre un terme aux cycles de massacres ethniques qui en 1972, 1988 et 1993 ont fait au moins 300 000 morts. A cet égard c'est une réussite, en revanche, poursuit le journal l'accord a été nettement moins efficace pour la construction d'un Etat qui fonctionne. La lutte contre la pauvreté ne progresse pas, la corruption prolifère, la justice est arbitraire.

Casques bleus avec Martin Kobler, le patron de la Monusco
Casques bleus avec Martin Kobler, le patron de la MonuscoImage : DW/D. Köpp

Nouveau combat pour la Monusco

Le conseil de sécurité de l'ONU vient de prolonger, une nouvelle fois, le mandat de la Monusco, la mission des Nations unies en République démocratique du Congo. Mais comme le note un journal, elle doit à la fois combattre, déménager et faire des économies. Combattre en priorité les FDLR, les milices hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda, c'est ce que relève die tageszeitung. Les chefs d'Etat des pays membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs en ont décidé ainsi à leur sommet de Luanda, en Angola, tenu mardi dernier. La conférence a recommandé au conseil de sécurité de l'ONU d'entreprendre d'urgence des opérations militaires contre ceux qui ne veulent pas être désarmés. Cela concerne entre 1 000 et 2 000 miliciens. Le président par interim des FDLR, Victor Byiringiro a certes déclaré que ses troupes avaient "déposé les armes", mais l'ONU en doute. Cela dit, poursuit le journal, beaucoup de choses sont en train de changer pour la Monusco. A la demande du président Kabila, une grande partie des collaborateurs de l'ONU sont en train de déménager de Kinshasa à Goma, dans l'est du pays. Cela a des avantages car c'est dans l'est que sont stationnés la plupart des casques bleus, mais en termes de logistique c'est un déménagement coûteux. Or dans le même temps l'ONU doit faire des économies au Congo pour pouvoir renforcer la mission de l'ONU au Soudan du sud. Sans compter que Ban ki moon plaide pour une importante mission en République Centrafricaine. Et à propos de la Centrafrique justement, le Tagesspiegel de Berlin écrit que le pays sombre dans le chaos. Ni la force africaine, ni l'opération française Sangaris ne réussisent à mettre fin aux massacres, souligne le journal.