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Niger : la tradition du carnaval du ramadan

Ali Abdou
22 mai 2019

Quand la fin du mois sacré approche, les jeunes au Niger font la fête dans les quartiers pour le carnaval du ramadan, ou tashé en Hausa.

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Niger | Kinder zelebrieren Tashé, den Ramadan Karnaval in Maradi
Image : A. Abdou

Ecoutez le reportage de notre correspondant à Maradi

C’est une vieille tradition qui consiste pour les jeunes à souhaiter une bonne rupture du jeûne aux familles au cours des 15 dernières nuits du mois sacré. En retour, on leur offre des cadeaux.

A Maradi, à la tombée de la nuit, à partir de 20 heures, des groupes de jeunes s’organisent pour le traditionnel tashé. Des groupes mixtes ou séparés, des jeunes et des moins jeunes, sillonnent les quartiers pendant environ deux heures en rivalisant d’ingéniosité pour la création de la plus belle mascotte.

C’est l’élément central du carnaval. La mascotte peut représenter un fauve, un lapin ou un vieillard, un ogre ou encore une vieille femme. Les tam-tams faits de boite de conserve rythment la progression des groupes dans une ambiance bon enfant.

Le groupe des sept jeunes que nous avons croisés est très excité par sa tournée nocturne :

"Dans les maisons, on nous donne du miel, du sucre et de l’argent. Ce que nous gagnons, nous le partageons après la fête. Par jour on peut avoir jusqu’à 500 francs CFA. En un seul soir on peut visiter plusieurs maisons."

Les gardiens de la tradition

Le tashé n’est pas que l’affaire des enfants. Laouali Na Atamou pratique ce carnaval du ramadan depuis 15 ans. Lui et les membres de son groupe se sont autoproclamés gardiens de la tradition :

"Nous faisons le tashé, parce que sommes dans un mois béni. Ces enfants qui nous accompagnent, nous leur apprenons à se former, pour bien maitriser les chants et les techniques. Chaque soir, nous partageons ce que nous gagnons. Par nuit on peut avoir de cinq à dix mille francs. Lors du partage il arrive qu’il y ait des petites bagarres et c’est dû au fait que certains ne sont pas contents de leur part. Mais tout le monde ne peut pas avoir la même part. Celui qui chante et celui qui tape sur le tam-tam ne fournissent pas les mêmes efforts."

Les temps changent

La tradition veut que les chefs de familles donnent aux jeunes sans nécessairement les connaitre. La sexagénaire Indo Yar Gunuku estime que le tashé commence à perdre de son charme car les temps ont changé :

"De nos jours, on ne donne que des miettes aux jeunes. Du sucre, 10 francs, 20 francs tout au plus 25 francs. Avant, les gens étaient plus généreux et dans chaque maison on vous donnait quelque chose. On ne vous chassait pas. Vous pouviez avoir jusqu’à 50 kg de céréales à la fin du ramadan. Mais aujourd’hui, dans certaines maisons, on chasse les enfants ou on leur demande d'où ils viennent."

Ecoutez le reportage de notre correspondant à Maradi