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Niger: les gestes barrières peu respectés dans les mosquées

15 mai 2020

Le gouvernement nigérien a autorisé la réouverture des lieux de cultes mais le dispositif sanitaire semble peu efficace.

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La distanciation physique est difficile à respecter, assurent certains fidèles
La distanciation physique est difficile à respecter, assurent certains fidèlesImage : DW/M. M. Issa

Le son des prêches et des prières a manqué pendant presque deux mois dans les mosquées du Niger en raison de leur fermeture dans le cadre de la lutte contre la propagation de la Covid-19.

Dès l’annonce de la réouverture des lieux de cultes, l’affluence était importante dans les mosquées pour la prière collective.

C’est une joie immense pour Abbas Maiga, un habitué de la moquée Imam Malick, de retrouver les autres compagnons de prière :

"Ce sont les retrouvailles après un long moment, on ne s’est pas rencontrés donc aujourd’hui c’est la joie de se retrouver avec nos camarades, avec nos chers frères, c’est vraiment la joie et on est très content. "

Réouverture des mosquées au Niger : écoutez le sujet dans sa version audio en cliquant ici

Distanciation physique

Plus loin, nous rencontrons Illiassou. Malgré son bonheur de revenir à la mosquée, il comprend mal pourquoi les autorités avaient décidé de fermer les lieux de cultes. Il estime que c’est une épreuve difficile imposée aux musulmans :

"Nous n’avons jamais imaginé que les musulmans allaient vivre une telle situation. Nous remercions Dieu pour la patience qu’il a accordée aux musulmans pour endurer cette situation déplorable. La prière, c’est une imposition de Dieu à travers son prophète Mohamed, paix et salut sur lui. Nous sommes tous des musulmans, les autorités doivent faire preuve d’indulgence à notre égard et nous laisser pratiquer  notre religion selon la recommandation prophétique."

Le gouvernement a autorisé la réouverture des lieux de cultes après consultation avec les leaders religieux qui doivent veiller au respect des mesures barrières, notamment le lavage des mains au savon, l’utilisation des gels hydroalcooliques, le port du masque et la distanciation physique d’un mètre.

Mais il faut constater l’absence de kits dans toutes les mosquées que nous avons visités et le fait que les fidèles musulmans ne se sentent pas liés par le respect de ces mesures dans leur pratique religieuse.

Mamane Sani par exemple estime que "ils ont annoncé des mesures certainement pour notre santé, c’est bon mais à côté de notre religion aussi, il y a des mesures que nous ne pouvons pas respecter. Par exemple conserver plusieurs mètres entre deux personnes. Donc ils n’ont qu’à laisser les musulmans prier dans leur mosquée comme Allah et son prophète l’ont ordonné."

Zakari Yaou, un autre fidèle, est du même avis. Pour lui, "on ne peut pas porter de masque, on a confiance en dieu. La maladie qui va te faire partir, Dieu, il a déjà prescrit ça pour toi. Nul ne peut échapper à la volonté de Dieu"

Une mosquée à Niamey. Elle était fermée depuis le 20 mars.
Une mosquée à Niamey. Elle était fermée depuis le 20 mars.Image : DW/M. M. Issa

Des mosquées bientôt à nouveau fermées ?

Face à cette situation, les autorités de la ville de Niamey ont décidé de désinfecter tous les lieux de culte et de mettre à disposition des fidèles des kits de lavage des mains et des produits désinfectants.

Mais ceux-ci, encore une fois, n’étaient pas disponibles en cette première journée de prière depuis la réouverture des mosquées.

En cas de détérioration de la situation, le gouvernement a déclaré qu’il pourrait revenir sur sa décision d’ouverture des lieux de cultes.

A la date du 14 mai, le Niger comptait 876 cas déclarés, 149 en cours de traitement, 677 guéris et 50 décès.