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Niger : un ramadan pas comme les autres

Mahamadou Abdoulkarim
24 avril 2020

Au Niger, les musulmans ont entamé le jeûne du mois de ramadan dans un contexte difficile. Du fait de la pandémie de Covid 19, les fidèles n’ont pas accès aux mosquées pour les prières collectives.

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Une mosquée dans un petit village au Niger
Une mosquée dans un petit village au NigerImage : DW/D. Köpp

"C’est une question de santé" (Boubacar Seydou Touré)

Après les affrontements de la semaine dernière entre la police et ceux qui ont voulu braver l’interdiction, le calme est revenu, sans doute à cause des nombreuses arrestations parmi les manifestants.

Malgré les appels de certains religieux à observer la prière en public ce vendredi, premier jour du jeûne du mois de ramadan, les populations sont restées chez elles.

Il n y a eu aucune mobilisation aux alentours des mosquées, ni de manifestations comme ce fut le cas vendredi dernier quand des affrontements avec la police avaient éclatés.  

Pour parer à toute éventualité, des forces de l’ordre ont été déployées au niveau des principales mosquées de la capitale et dans certains quartiers comme celui de Goudel où s’étaient déroulés les heurts entre la population et les forces de l’ordre.  

Les dernières manifestations se sont soldées par d’importants dégâts matériels et ont donné lieu aux arrestations de plus de 300 personnes, dont certaines ont été placées sous mandat de dépôt à la prison de haute-sécurité de Koutoukalé, située à une cinquantaine de kilomètres de Niamey.  

Les fidèles musulmans devront trouver des alternatives aux mosquées fermées
Les fidèles musulmans devront trouver des alternatives aux mosquées ferméesImage : picture-alliance/dpa/B. Thissen

Ne pas s'exposer

Cette fermeté des autorités nigériennes qui semble avoir fini par dissuader les populations.

Abdourahamane Sita s’est pour sa part résigné. Il a prié  chez lui et appelle les citoyens à ne plus braver l’autorité :

"La Juma’a a été interdite, les gens ont fait la prière de 14 heures, comme tous les jours ordinaires. J’appelle mes confrères de prier Allah le tout puissant. C’est lui qui a la force, personne n’a la force dans ce monde qui dépasse Allah le tout puissant."

En cette période de ramadan, il est important pour certains musulmans d'aller prier à la mosquée car certains ne maitrisent pas certaines invocations leurs permettant de prier seul.

Mais face à la pandémie de coronavirus, il est recommandé aux musulmans de ne pas s’exposer.

Dr Boubacar Seydou Touré, islamologue et membre de l’Association islamique du Niger,  appelle les musulmans à la retenue et à la méditation.

"Il faut vraiment tenir compte de cette pandémie qui est une réalité, donc nous devons le faire. Même si cela ça nous fait mal, on doit l’accepter parce que c’est une question de santé, c’est une question de  vie ou de mort. On dit le mois du ramadan, c’est le mois du coran, c’est le mois du pardon, c’est le mois de l’entraide sociale et c’est le mois de la compréhension et de la méditation."

Ce jeudi (23.04.2020), en Conseil des ministres, le gouvernement a pris des mesures d’assouplissement du couvre-feu qui s’étendait de 19 h à 6 h du matin et a été ramené de 21 h à 5 h du matin.

En revanche la capitale reste isolée, le port du masque est obligatoire dans les lieux publics et les regroupements sont interdits.

"C’est une question de santé" (Boubacar Seydou Touré)