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Nobel de la paix : deux Libériennes et une Yéménite récompensées

7 octobre 2011

Le prix Nobel a été attribué à la présidente du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf, la militante libérienne Leymah Gbowee et la Yéménite Tawakkol Karman. Cette dernière a dédié son prix au Printemps arabe.

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La présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf a reçu ce prix à quatre jours des élections présidentielles
La présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf a reçu ce prix à quatre jours des élections présidentiellesImage : dapd

L'académie norvégienne qui délivre chaque année les Nobel a donc décidé de reconnaître et soutenir le rôle des femmes pour la paix dans le monde, avec une mention particulière accordée à l'Afrique et au Printemps arabe. A l'Afrique, puisque deux lauréates sont libériennes : la présidente Ellen Johnson Sirleaf, la première femme élue à la tête d'un Etat africain, voit ainsi récompensé son travail de reconstruction dans un pays toujours pas remis de quatorze années ans de guerre civile.

Autre Libérienne récompensée : la militante Leymah Gbowee, la "guerrière de la paix" comme on l'a surnommée, car elle est à l'origine d'un mouvement pacifique qui a contribué à mettre fin à la guerre civile. Notamment grâce à une action qui est restée célèbre, une "grève du sexe" qui, tout comme dans Lysistrata, la tragédie grecque d'Aristophane, a vu les femmes du Libéria, toutes confessions religieuses confondues, se refuser à leurs maris tant que la guerre continuerait.

Une action assez incroyable mais efficace, puisqu'elle a poussé l'ancien rebelle Charles Taylor à associer les femmes aux négociations de paix. « En tant que groupe de femmes, explique-t-elle, nous avons décidé un jour qu'il était temps de faire cesser le statu quo de la violence, de la guerre et des viols, même si nous devions mourir pour cela. Et nous nous sommes mobilisées en mettant de côté nos différences et en regardant simplement ce qui nous unissait. »

De gauche à droite les trois lauréates : Leymah Gbowee, Tawakkul Karman et Ellen Johnson Sirleaf
De gauche à droite les trois lauréates : Leymah Gbowee, Tawakkol Karman et Ellen Johnson SirleafImage : dapd/DW-Montage

Les femmes, premières victimes

Enfin, la troisième lauréate est une représentante du Printemps arabe : elle est yéménite, elle s'appelle Tawakkol Karman et elle est un symbole du mouvement de révolte dans son pays. Journaliste, âgée de moins de 40 ans, Tawakkol Karman a été l'un des principaux meneurs des manifestations de janvier qui ont donné le coup d'envoi au soulèvement, ce qui lui a valu d'ailleurs d'être arrêtée.

« Nous avons le taux d'illettrisme le plus important - 70 à 80% dans certaines zones rurales, explique Tawakkol Karman. Nous avons le taux le plus important de mortalité maternelle. Nous avons le taux le plus important de crimes d'honneur contre les filles. Donc les femmes au Yémen sont la catégorie qui souffre le plus du système. »

Tawakkol Karman a d'ailleurs dédié son prix au Printemps arabe et a reçu les félicitations des cybermilitants égyptiens Waël Ghonim et Esraa Abdel Fattah, eux aussi pressentis pour le Nobel de la Paix.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Carine Debrabandère

Ecoutez ci-dessous l'interview de Charles Nguini, directeur de Transparency International au Cameroun, à propos de ce prix attribué à Ellen Johnson Sirleaf à seulement quatre jours de la présidentielle.

Ecoutez également la correspondance de Samuel Pergaud, à Monrovia. Il nous fait part des réactions sur place au Libéria.