Notre-Dame : symbole d'une France souffrante
17 avril 2019"Les flammes ont touché le symbole d'une France déchirée et divisée." La Frankfurter Allgemeine Zeitung se penche sur la "cohésion déclenchée par cet incendie, qui a tellement manqué ces derniers mois." Faut-il le rappeler, sans cet événement, la télévision française diffusait lundi soir à 20 heures un discours à la nation du président Emmanuel Macron. Tout était enregistré pour annoncer de nouvelles mesures suite au grand débat national déclenché par les manifestations des gilets jaunes et la prise de conscience du "malaise" social qui traverse le pays.
Le journal mesure aussi la valeur historique et sociétale de l'édifice. "Tout Paris a travaillé pendant 200 ans sur cette cathédrale." Et aujourd'hui, "ces centres spirituels sont l'incarnation de l'histoire même pour des non-croyants. L'église est au milieu du village, la cathédrale représente du moins visuellement le signe du centre d'une communauté".
La France est souffrante
Pour la Frankfurter Rundschau cette fois, on a assisté à un "arrêt cardiaque", car le cœur de l'histoire de France bâtait aussi dans cette cathédrale.
"Ce diagnostic est d'autant plus inquiétant, que la nation française est gravement malade. Les partis populistes, les syndicats et les Eglises ont perdu de leur pouvoir rassembleur. Emmanuel Macron, qui s'était jadis pris pour Jupiter dans le firmament politique a été vécu comme dérangeant et a été marginalisé avec succès par la société." Le quotidien estime que les juifs, les musulmans et les migrants sont particulièrement exposés à la défiance. Alors "ce qui rassemble est par ces temps qui courent doublement important. Notre-Dame en faisait partie".
Enfin, la Tageszeitung se fend d'une caricature pour aborder par l'absurde les théories du complot qui ont instantanément fleuri sur les réseaux sociaux. Sur le dessin, deux personnes, en bord de Seine, observent les flammes au loin. L'une dit à l'autre : "C'était des terroristes juifs-islamistes avec le soutien des Bulgares qui ont fait ça."
L'Egypte retient son souffle
Autre pays, autre symbole du rassemblement : la place Tahrir au Caire, "où des millions de personnes exprimaient leur soif de liberté il y a à peine 8 ans." La Süddeutsche Zeitung commente le vote au parlement égyptien qui a ouvert la porte hier à une modification de la Constitution et à un troisième mandat pour Abdel Fattah al-Sissi. Le président pourrait ainsi bien rester au pouvoir jusqu'en 2030. Pendant que les populations "en Algérie et au Soudan ont fait tomber leur souverain inamovible", pendant "qu'un deuxième printemps arabe est en route", plus personne n'ose manifester en Egypte. "al-Sissi et les militaires ont installé l'un des systèmes les plus répressifs du monde arabe".