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Nouveau bain de sang au Nigeria

Marie-Ange Pioerron26 avril 2013

Le Nigeria retient à nouveau l'attention des journaux. De violents affrontements ont fait près de 200 morts à Baga, dans le nord-est du pays .

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Après les combats à BagaImage : picture alliance/AP Photo

Baga est un village typique du Sahel, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, un lieu sans histoire: un assemblage de cases en torchis, une économie de subsistance, un taux élevé d'analphabétisme. Baga est situé sur une presqu'île dans le lac Tchad. Les hommes y vivent depuis toujours de la pêche. Ce qui s'est passé le week-end dernier dans ce trou perdu n'est toujours pas clair, poursuit le journal. Une seule chose est sûre: une opération militaire contre des combattants supposés de la secte Boko Haram a lamentablement échoué et a fait de nombreux morts à Baga. L'armée nigériane, qui n'est pas réputée pour sa délicatesse, avait commencé par encercler une mosquée dans laquelle elle soupçonnait la présence de membres armés de la secte. Les assiégés ont riposté à l'aide de fusils automatiques et de lance-roquettes anti-chars tandis que dehors, l'armée faisait feu sur tout ce qui bougeait. Des centaines de cases ont été détruites, le marché a brûlé . Ce genre d'opération militaire sanglante contre des bases réelles ou supposées de Boko Haram font à présent partie du quotidien dans le nord du Nigeria, souligne le journal, en particulier dans l'Etat de Borno d'où est originaire la secte.

Nigeria - Boko Haram Amnestie Kommission
Membres de la commission pour le dialogue avec Boko HaramImage : DW/A. Ubale Musa

L'armée combat des islamistes et ce sont des civils qui meurent, titre die tageszeitung, qui note elle aussi que le déroulement de ce massacre est encore flou. Selon le gouvernement provincial de l'Etat de Borno, note plus loin le journal, 10 des 27 districts de cet Etat sont aujourd'hui gouvernés de fait par Boko Haram qui a chassé les fonctionnaires, pris le contrôle des marchés locaux et interdit par exemple la vente de cigarettes. Boko Haram accueillerait aussi des combattants islamistes qui ont fui le Mali. Cela pourrait être l'une des raisons pour lesquelles le Tchad a annoncé la fin de son intervention militaire au Mali, poursuit le journal. Car si Boko Haram , l'alliée d'Aqmi, s'incrustait près de la frontière tchadienne, l'armée du Tchad devrait bientôt mener la guerre contre les islamistes sur son propre territoire. La Berliner Zeitung évoque une escalade de la violence au Nigeria. Selon l'armée, l'emploi d'armes lourdes comme à Baga est l'indice d'une imbrication grandissante entre Boko Haram et Al Qaida au Maghreb islamique ou les milices al-Shabab de Somalie. L'existence de tels liens est néanmoins contestée, note le journal. D'aucuns reprochent au gouvernement de se soustraire à sa responsabilité dans le conflit en exagérant les prétendus liens internationaux de Boko Haram.

Boom économique au Mozambique

Mosambik Wirtschaft Hafen von Beira
Dans le port de BeiraImage : Reuters

Au Mozambique la Renamo, l'ancienne guerilla anti-communiste, menace de reprendre le combat après vingt années de paix. Cela inspire ce titre à die tageszeitung: "le boom des matières premières réveille des guerriers en sommeil". Plusieurs attentats mortels commis ces dernières semaines au Mozambique sont attribués à l'ancienne rébellion, écrit le journal. Et selon Gwinyayi Dzinesa, de l'Institut international d'études sur la sécurité à Pretoria, cité dans l'article, ces attentats doivent être pris au sérieux. La Renamo occupe 51 des 250 sièges du parlement, le Frelimo gouverne sans limite. Les accusations de corruption contre l'élite gouvernementale sont largement répandues et elles s'amplifient depuis que les investissements étrangers affluent par milliards dans le pays. Le Mozambique, souligne le journal, connaît actuellement un boom économique avec un taux de croissance impressionnant de 7%, mais seul un pourcentage infime de la population en profite. La redistribution de la richesse en dehors de la capitale se fait attendre. Or les attentes de la population sont grandes compte tenu des succès sans cesse annoncés dans le secteur des matières premières. Les gisements de gaz naturel de Rovuma, dans l'océan indien, sont supposés fournir suffisamment de gaz pour approvisionner pendant 15 ans, la Grande-Bretagne, l'Italie, la France et l'Allemagne.

Regenwald im Kongo
Forêt dans l'ouest de la RDCImage : picture-alliance/dpa

Victimes de l'exploitation forestière en RDC

Au chapitre bilatéral, l'hebdomadaire Die Zeit relate à ses lecteurs une affaire qui concerne l'Allemagne et la République démocratique du Congo. Cela commence par ce titre qui tient du roman policier "Meurtre au village", assorti de cette question: une entreprise allemande porte-t-elle la responsabilité de crimes commis par des soldats congolais? L'histoire que l'on peut lire dans Die Zeit est la suivante: à l'aube du 2 mai 2011, 60 policiers et militaires ont débarqué dans un village du groupement de Yalisika, dans la province de l'Equateur. Les habitants avaient été accusés de vol par une société d'exploitation forestière. Selon des témoins, les hommes en uniformes ont frappé plusieurs habitants, l'un d'eux est mort des suites de ses blessures. Cinq femmes et filles ont été violées. Des cases, des motos ont été détruites et seize villageois ont été emmenés en prison. Que des forces de sécurité emploient la violence contre des civils n'est pas nouveau au Congo, poursuit le journal. Ce qui est inhabituel, c'est que les intéressés aient réagi en déposant deux plaintes: l'une contre les militaires congolais, ce qui là-bas n'est pas sans risque. La seconde contre un directeur de la société allemande d'exploitation de bois Danzer, l'un des plus gros investisseurs allemands au Congo. Sa filiale congolaise, Siforco, avait fait appel aux forces de sécurité. La seconde plainte est-elle plausible? s'interroge le journal. Peut-on rendre le représentant d'une entreprise co-responsable de délits commis à son insu par des forces de sécurité d'un autre pays? Absurde, répond-on chez Danzer. Pas du tout rétorquent les avocats du Centre européen pour les droits constitutionnels et humains qui ont déposé plainte au nom des villageois. Entre-temps, précise encore Die Zeit, Danzer a revendu sa filiale Siforco, mais cela ne change rien aux deux plaintes qui ont été déposées.