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Nouvel assassinat politique au Pakistan

5 janvier 2011

Le meurtre hier à Islamabad du gouverneur du Penjab, farouche opposant des islamistes, illustre l'emprise grandissante des mollahs dans le pays

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Des milliers de partisans de Salman Taseer se sont réunis aujourd'hui à Lahore pour ses funérailles
Des milliers de partisans de Salman Taseer se sont réunis aujourd'hui à Lahore pour ses funéraillesImage : AP

Salman Taseer, le gouverneur du Penjab, assassiné par son garde du corps, était un homme politique qui ne manquait jamais une occasion de s'attaquer aux intégristes religieux. Notamment sur la question de la loi sur le blasphème : une loi revenue sur le devant de l'actualité avec la condamnation à mort, en novembre dernier, d'une femme, Asia Bibi, accusée d'avoir blasphémé contre le prophète Mohamet.

Salman Taseer avait lancé une campagne pour accorder une grâce présidentielle à Asia Bibi et dans une interview accordée à la BBC, celui-ci s'en était pris à l'influence des « mollahs ignorants ». Il semble donc qu'il faille rechercher là le motif principal de l'assassinat de Salman Taseer. Comme l’a confirmé le ministre pakistanais de l'Intérieur, Rehman Malik : « Hier matin, le gouverneur s'est rendu au palais présidentiel et au Sénat. Il y a rencontré le ministre de l'Information. Ensuite, il s'est rendu dans un restaurant baptisé Table Talk pour y rejoindre un ami. En sortant, alors qu'il s'apprêtait à rejoindre son véhicule, l'assassin a ouvert le feu sur lui. A la fin de la fusillade, ce dernier a posé son arme et entouré par la police, il a déclaré qu'il avait tué Taseer parce que celui-ci avait critiqué la loi sur le blasphème. »

Salman Taseer et sa femme en 2009 devant le Parlement d'Islamabad, la capitale pakistanaise
Salman Taseer et sa femme en 2009 devant le Parlement d'Islamabad, la capitale pakistanaiseImage : Picture-Alliance/dpa

Entre l’armée et les islamistes

Ce meurtre intervient au pire moment pour le gouvernement pakistanais. Celui-ci a été mis en minorité au Parlement après la défection dimanche d'un de ses principaux alliés au sein de la coalition au pouvoir : le Muttahida Qaumi Movement (MQM). Parmi les théories du complot qui circulent à Islamabad, l'hypothèse d'une conspiration orchestrée par l'armée arrive en bonne position. L'armée reprocherait à l'actuel gouvernement et au président Asi Ali Zardari d'être trop soumis aux Américains et pas assez hostile avec l'Inde. Avec ce nouveau meurtre politique, le plus spectaculaire depuis l’assassinat en 2007 de l’ancien Premier ministre Benazir Bhutto, le Pakistan vit donc une nouvelle période d’incertitude illustrée par un gouvernement tenaillé entre les islamistes et l'armée. Rien de bien réjouissant.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Elisabeth Cadot