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L'Afrique ne salue que timidement l'élection de Mushikiwabo

12 octobre 2018

La nomination de la chef de la diplomatie rwandaise comme secrétaire générale de l'OIF est positive pour l'Afrique. Mais le rôle controversé du Rwanda et la façon dont la France a imposé ce choix suscitent des réserves.

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Deutschland Louise Mushikiwabo bei Conflict Zone in Berlin
Image : DW

"Le Rwanda doit tourner la page de l'autoritarisme" (Alioune Tine)

Les réactions sont certes positives mais, encore une fois, très réservées. La République démocratique du Congo n'est pas ravie de voir accéder un pays rival, le Rwanda, à la tête de l'Organisation internationale de la Francophonie.

Le porte-parole du gouvernement congolais rappelle que Kinshasa s'est aligné sur la position de l'Union africaine en ajoutant que la francophonie ne doit pas donner de leçons politiques.


"Mais, nous avons soutenu Mme Mushikiwabo avec tous nos collègues de l'UA. Nous n'avons jamais deux paroles. On va voir comment elle va accomplir sa mission. Donc ce n'est pas aujourd'hui que nous allons accepter que la francophonie donne des leçons à qui que ce soit. Non. Ce n'est pas le rôle de la francophonie“, soutient Lambert Mendé Omalanga.

Critiques

De nombreux militants des droits de l’Homme critiquent le choix porté sur Louise Mushikiwabo. La raison est simple: le Rwanda, en dépit de ses succès économiques, est un régime autoritaire.

Face à ce tollé, le directeur régional d'Amnesty international pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, Alioune Tine, espère seulement que cette nomination pourra influencer positivement le Rwanda. "Maintenant qu'ils sont à la tête de la Francophonie, le défi c'est effectivement que le Rwanda commence à s'ouvrir à la démocratie, à s'ouvrir au pluralisme politique, à s'ouvrir également à l'état de droit. Je pense qu'aujourd'hui, il faut tourner la page de l'autoritarisme. C’est cela notre recommandation. Et si ce n'est pas fait, on parlera effectivement à partir de ce moment là d'une erreur de casting", a expliqué Alioune Tine.


Beaucoup de voix ont également critiqué l'activisme de la France qui a soutenu jusqu'au bout la candidature de Louise Mushikiwabo. Lors de son discours, le tout dernier jour en tant que Secrétaire générale de l’OIF, Michaëlle Jean a fustigé "les petits arrangements entre États".

"Sommes-nous prêts à accepter que la démocratie et les droits et les libertés ne soient plus que des mots ?", a-t-elle déclaré lors de son discours d’ouverture. Faisant donc allusion aux tractations entre la France et l’UA en faveur de Louise Mushikiwabo.

"Une organisation qui ruse avec les valeurs et les principes est déjà une organisation moribonde ", a conclu Michaëlle Jean, qui a ainsi soldé ses vieux comptes.

 

Offensive diplomatique

"On peut faire beaucoup plus et beaucoup mieux. La Francophonie est là pour peser sur le cours des choses, que ce soit au sein de l'ONU ou dans nos organisations régionales", a déclaré Louise Mushikiwabo après sa désignation. Le Canada ayant retiré sa confiance à sa rivale ,Michaëlle Jean.


Répondant aux critiques qui fusent de toutes parts, notamment sur la nature autoritaire de son régime, Paul Kagamé a déclaré à TV5 Monde que son "pays d'il y a 24 ans n'est plus ce qu'il est aujourd'hui".

"On va voir comment Louise Mushikiwabo va accomplir sa mission" (Lambert Mendé Omalanga)

Le Rwanda "est en train de faire une vraie transition politique, en tout cas je l'espère", a répliqué pour sa part Emmanuel Macron, le président français, sur France 24.

Rappelons que la désignation de Louise Mushikiwabo à la tête de la francophonie consacre le "retour" de l'Afrique à la tête de l'OIF, qui avait toujours été dirigée par des Africains.

27 des 54 membres de l'OIF se trouvent en Afrique. Selon les estimations, en 2050, le continent se retrouvera avec 85% des francophones sur un total de 700 millions, contre 274 aujourd'hui.

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona