1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Omar el-Béchir entérine la détente à Juba

Daniel Pelz et Sandrine Blanchard12 avril 2013

Une première depuis l'accession à l'indépendance du Soudan du Sud, en juillet 2011: le président soudanais, Omar el-Béchir est en visite à Juba, au sud, pour sceller le rapprochement progressif entre les deux Soudans.

https://p.dw.com/p/18Exq
KHARTOUM, SUDAN: Leader of the Sudan People's Liberation Movement (SPLM), Salva Kiir (L), sits next to Sudanese President Omar al-Bashir at a low-key ceremony in Khartoum 11 August 2005, during which Kiir was sworn in as Sudan's first vice president after the death of his predecessor John Garang. Kiir, 54, pledged to follow his legacy and work for peace and unity in the war-ravaged country. He took office less than two weeks after Garang was killed in a helicopter crash that raised fears for the future of a peace deal that ended 21 years of war between southern rebels and the government in Khartoum. AFP PHOTO/KHALED DESOUKI (Photo credit should read KHALED DESOUKI/AFP/Getty Images)
Image : KHALED DESOUKI/AFP/Getty Images

Les tensions qui avaient atteint leur paroxysme début 2012 ne sont pas pour autant oubliées. Il est vrai que l'annonce de la visite d'Omar el-Béchir à son homologue Salva Kiir a surpris, en début de semaine. Toutefois, la détente entamée est plutôt à mettre sur le compte de la Realpolitik.

Les tensions entre les deux Soudans existaient déjà avant l’indépendance du Sud. Principales pommes de discorde : le statut de leurs ressortissants respectifs dans l'autre Etat, le tracé de la frontière et la répartition des revenus pétroliers ; les trois quarts des gisements sont dans le sud mais le pétrole doit transiter par des pipelines qui passent par le nord pour être exporté.

Le pétrole comme levier de pression...

En janvier 2012, Salva Kiir a ordonné de cesser la production, ce qui a eu des répercussions terribles sur l’économie des deux pays. Au nord : l’activité économique a chuté de 11%, les prix ont grimpé de 28% en moyenne. L’Etat a du supprimer ses subventions au carburant et à certains produits alimentaires, ce qui a provoqué des émeutes. Mais au sud aussi, les revenus pétroliers représentent 90% des recettes engrangées par l’Etat. Le pays est l’un des plus pauvres du monde, et sans argent, pas d’école, pas d’hôpital, pas de solde pour les 400 000 fonctionnaires.

... et le différend frontalier demeure

La frontière entre les deux pays s’étend sur plus de 2000 kilomètres, et reste instable, notamment à cause de la présence de groupes rebelles. Certaines régions riches en pétrole – on y revient – sont revendiquées par les deux Etats.

A Sudanese soldier poses with a machine gun in the oil town of Heglig bordering with South Sudan on April 24, 2012. South Sudan's leader accused Sudan of declaring war as Khartoum's warplanes bombed border regions in defiance of international calls for restraint. AFP PHOTO/EBRAHIM HAMID (Photo credit should read EBRAHIM HAMID/AFP/Getty Images)
Zone sensible à la frontièreImage : AFP/Getty Images
Image #: 12824556 Barbed-wire fences surround an oil facility in Southern Sudan's Melut County. Chinese companies have the biggest stake in Sudan's oil industry. Alan Boswell/MCT /Landov
Le pétrole, un enjeu stratégiqueImage : picture-alliance/Landov

En mars derniers, Khartoum et Juba ont passé un accord pour instaurer une zone démilitarisée, surveillée par des policiers désarmés et des forces onusiennes. Magdi El Gizoul, spécialiste du Soudan.

« A mon avis, le succès de cet accord dépend essentiellement de la capacité des deux capitales à négocier avec les forces armées qu’elles contrôlent plus ou moins directement. »

Un rapprochement diplomatique fragile

Omar el-Béchir a déclaré à Juba qu'il avait ordonné l'ouverture de la frontière pour permettre la reprise du trafic entre les deux pays, mais le retrait des troupes gouvernementales à la frontière risquant de provoquer un appel d’air favorable à une recrudescence d’activité de groupes rebelles ou criminels. Or pour les contrer, l’un ou l’autre des gouvernements renverrait des troupes à la frontière, entraînant un nouveau risque d’escalade.