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Ouverture à Durban de la Conférence sur le changement climatique

25 novembre 2011

Les pays en développement attendent des résultats concrets de ce sommet annuel de l'ONU sur le changement climatique. Les Etats africains, notamment, se ressentent comme les grands perdants de ce phénomène planétaire.

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Vue aérienne de Durban, l'hôte de la conférence sur le climat en Afrique du SudImage : picture-alliance/dpa

Un grand nombre d'entre eux sont durement touchés par ses conséquences et ont le moins de moyens pour s'adapter au changement climatique dont ils ne sont pas responsables. Cependant, ils pourraient profiter du négoce de crédits de carbone. Ce système permet aux Etats industrialisés ayant de fortes émissions de gaz à effet de serre d'acheter par exemple à des pays comme le Rwanda des crédits carbone, une espèce de compensation pour leurs émissions de CO2. Mais cela est-il vraiment intéressant pour les pays africains ? Et qu'espèrent les responsables gouvernementaux africains, comme ceux du Rwanda, de leur participation à la conférence de Durban ?

Dans la forêt tropicale de Gishwati

Centimètre par centimètre, la grande scie mord le bois et s'enfonce dans le tronc d'un géant de la forêt. L'arbre, un eucalyptus, se dresse en bordure d'une clairière de la forêt Gishwati dans l'ouest du Rwanda, non loin du lac Kivu. La forêt Gishwati est l'une des dernières forêts tropicales du Rwanda. Ce n'est que de manière contrôlée désormais que les bûcherons peuvent abattre des arbres.

Urwald Kongos Regenwaldlandschaft
Image : picture-alliance/dpa

Il est interdit dorénavant d'abattre d'autres arbres que des eucalyptus, car ceux-ci ne sont pas des arbres de la région ; ils avaient été plantés, et n'ont pas poussé d’eux-mêmes. C'est une bonne espèce pour la production de meubles, mais ils ont besoin de beaucoup d'eau, de l'eau qui manque alors aux autres espèces. Quand la plupart des eucalyptus aura été abattue, alors la forêt Gishwati sera déclarée zone de réserve naturelle, tel est le plan des responsables à Kigali.

La sauvegarde de la forêt tropicale

Le gouvernement rwandais, en collaboration avec l'organisation américaine Ape Trust, tente de sauver la forêt. Dans les années 70, la forêt tropicale s'étendait encore sur 28.000 hectares. Jusqu’à ce que la Banque mondiale finance des plantations d'ananas dans cette zone. Et puis après le génocide de 1994, des centaines de milliers de réfugiés se sont établis dans la région, et ont abattu les arbres pour construire, ou faire la cuisine. Résultat : la forêt de Gishwati ne s'étend plus que sur 600 hectares, ce qui représente à peine 2% de la surface boisée il y a encore quatre décennies !

Une équipe d' "éco-guides" est chargée de contrôler toute activité suspecte en forêt. Si quelqu'un abat des arbres ou fait du feu par exemple, on lui donne un avertissement et lui explique que ce qu'il fait n'est pas permis, que la forêt est importante pour le climat et que c'est un devoir pour tout un chacun de la préserver. Si le délinquant récidive, il y a procès verbal et il doit alors payer une amende.

Le reboisement de la forêt a commencé. De jeunes arbres ont déjà été plantés sur une surface de 800 hectares. C'est important pour l'avenir de la forêt et l’environnement, mais cela permettra aussi au Rwanda de prendre part au négoce des crédits de carbone. La forêt peut absorber quelque 200.000 tonnes d'oxyde de carbone, la tonne valant 5 dollars selon les directives de l'ONU. Cela fait un total d'un million de dollars par an. Avec cet argent, on pourrait sauver la forêt.

Le Rwanda a déjà fait enregistrer cinq projets de réduction de gaz à effet de serre à New York. La forêt Gishwati est l'un de ces projets.

Auteur : Philippe Pognan
Edition : Kossivi Tiassou