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Ouverture à Francfort d'un procès contre la Deutsche Telekom…

7 avril 2008

Il s’agit du plus grand procès civil de l’histoire allemande avec quelque 16.000 plaignants qui demandent qu’on les rembourse:

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Mitarbeiter der Justiz bringen die Unterlagendes Telekom-Prozesess am Montag, 7. April 2008, in das Buergerhaus Bornheim in Frankfurt.17.000 Aktionaere, vertreten durch einen Musterklaeger, haben die Telekom auf Schadensersatz verklagt, weil nach dem dritten Boersengang der Aktienkurs dramatisch eingebrochen war. (AP Photo/Bernd Kammerer)--- Employees of the justice delivers the files of the trail against German Telekom in the court in Frankfurt, Germany, Monday April 7, 2008. (AP Photo/Bernd Kammerer)
Les documents nécessaires au procès sont acheminés vers la salle du Tribunal à Francfort sur le MainImage : AP

comme des centaines de milliers d’autres, ils avaient placé leur argent dans des actions du groupe en 2000 et vu fondre cet argent comme neige au soleil en février 2001 alors que le groupe révisait brutalement à la baisse la valeur de son portefeuille. Les plaignants estiment avoir été sciemment mal informés par le groupe sur la valeur réelle du portefeuille de Deutsche Telekom. Une loi votée spécialement pour ce procès et entrée en vigueur en 2005 a permis une plainte collective, une première en Allemagne.

En mars 2000 , l’action Deutsche Telekom , la "T- Aktie", ou l’Action -T en francais atteignait son apogée à plus de 103 euros. Aussi lorsqu’en juin 2000, la Deutsche Telekom introduit en Bourse une troisième tranche de son capital pour 66 euros par action, nombreux sont ceux qui souscrivent. A l’époque, pleins d'euphorie pour les nouvelles technologies, les Allemands , comme d’autres d’ailleurs, se sont laissés persuader qu’il s’agissait là d’un placement sûr. L’Etat ne possédait-il pas une partie du capital du groupe ? Deux ans plus tard, l’action Telekom avait déjà perdu plus des deux tiers de sa valeur. La Deutsche Telekom avait corrigé vers le bas la valeur de son patrimoine foncier, le réduisant de 2,5 milliards d’euros, provoquant alors une chute brutale de l'action. D’où la colère vis-à-vis de Ron Sommer, le chef de D-Telekom à l’époque, qui avait toujours loué la solidité de son entreprise,sise à Bonn. Aujourd’hui l’action T navigue autour des 11 euros. Jens Petersen, petit actionnaire qui a vu ainsi ses économies s’envoler en fumée :

„En tout cas on se sent vraiment dupé par ce Ron Sommer, cela je dois le dire clairement ...“

En fait, les plaintes regroupées sur le modèle américain n’étaient jusqu’ici pas possible selon la législation allemande. Mais 16.000 plaignants auraient signifié 16.000 procédures et aurait paralysé les tribunaux pour des années. Aussi une loi appropriée a été votée en 2005, surnommée „Lex Telekom ». Andreas Tilp, l’un des 900 avocats des plaignants:

L’importance de ce procès, c’ est le nombre de plaignants, 16.000 plaignants dans une procédure civile, cela n’a jamais eu lieu. Nous nous avancons sur un nouveau terrain juridique, nous avons à faire à une toute nouvelle dimension. Il faut pouvoir diriger et coordonner tout cela – déterminer comment procéder au mieux…“

Les 16.000 plaignants dont nombreux sont ceux qui ont perdu tout ou une partie de ce qu’ils avaient investi, estiment qu’ils ont été induits en erreur sur la valeur réelle de l’entreprise. Ils réclament des dommages et intérêts au groupe de Bonn, en tout 80 millions d’euros. Pour le géant D-Telekom, il s’agit là d’une petite somme et le groupe aurait pu trouver une solution à l’amiable en dehors des tribunaux, mais préfère apparemment que l’affaire soit traitée devant la justice.Selon Deutsche Telekom, il ne fait pas de doute que "la conformité du prospectus d'introduction en Bourse sera confirmée".

Dans un premier temps, 17 audiences sont prévues d'ici fin mai devant le Tribunal de Grande Instance de Francfort.

D'autres thèmes seront aussi abordés lors de ce procès qui entrera dans les annales de la jurisprudence allemande. Comme par exemple le rachat pour la somme faramineuse de 34 milliards d'euros de l'américain Voicestream en 2001, l'acquisition ruineuse de licences UMTS, ( téléphonie mobile de troisième génération) ou bien encore la sous-évaluation par la Deutsche Telekom de ses concurrents sur le marché de la télécommunication.

Un procès qui demandera une longue haleine aux juristes, plaignants et accusés. Selon les experts, la procédure pourrait s'étendre sur plusieurs années…

Ph.Pognan