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Ouverture du procès de Ben Ali, par contumace

20 juin 2011

Le procès de Zine el Abidine Ben Ali s'est ouvert à Tunis. L'ancien président tunisien est jugé par contumace; il est toujours en exil en Arabie Saoudite. Dans le pays, les attentes et réactions sont mitigées.

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Zine el Abidine Ben Ali est toujours en exil en Arabie Saoudite.Image : picture-alliance/dpa

« Je veux voir Ben Ali en prison, c’est tout. »

Mohammed rit en disant cela, mais il est très en colère contre Ben Ali. Les cinq mois qui ont passé depuis la fuite de l’ex-président déchu n’ont pas effacé les rancœurs. L’épouse de l’ancien chef de l’Etat, Leila Trabelsi, fait elle aussi l’objet d’une haine tenace. Co-accusée de son mari, elle se trouverait également en Arabie-Saoudite, qui refuse d’extrader le couple présidentiel déchu. Nombreux sont les citoyens tunisiens qui, à l’instar de Taoufik, regrettent que les accusés ne soient pas présents pour répondre de leurs actes.

« J’aurais aimé qu’il soit là, qu’il se défende. C’est important. Mais le procès est surtout organisé pour l’opinion publique. Il est clair que Ben Ali sera condamné à 200 ou 300 ans de prisons, mais cela ne va rien changer. »

Et Nabil ajoute:

« Je n’attends rien de ce procès, il n’est pas transparent. On l’accuse de trafic d’armes et de drogue, mais il a fait bien pire encore. »

Un avis partagé par les procureurs qui veulent une procédure progressive. Plus de 90 chefs d’accusation ont été retenus contre Ben Ali et ses proches. Aujourd’hui, c’est l’enrichissement illicite qui est à l’ordre du jour. Les enquêteurs auraient trouvé 27 millions de dollars en petites coupures dans l’un des palais présidentiels.

Peu avant l’ouverture du procès, Ben Ali a brisé le silence. Par l’intermédiaire de ses avocats, il a rejeté les charges qui pèsent contre lui. Il n’aurait jamais été en possession d’une telle somme dans son bureau. Quant aux armes, il s’agirait d’armes de chasse, de cadeaux de chefs d’Etat étrangers. La défense dénonce cette « justice de vainqueurs ». L’un des avocats a annoncé qu’il réclamerait un report, le temps de convaincre l’accusé de se présenter en personne devant la cour. Le déroulement du procès dira si les juges sont impartiaux, mais Nabil est sceptique.

« Je ne leur fais pas pleinement confiance. J’espère que la justice a pris ses distances avec les 23 ans de l’ère Ben Ali. Il y a des gens qui vont essayer d’adoucir la sentence. »

Certains cadres du régime Ben Ali sont encore en place dans l’administration. Ce procès pourrait être le premier d’une longue série.

Auteurs: Marc Dugge, Sandrine Blanchard
Edition: Marie-Ange Pioerron