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Pakistan : Musharraf sur la sellette

Anne Le Touzé7 août 2008

Finalement, Pervez Musharraf n'ira pas à Pékin pour la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. Les deux partis de la coalition gouvernementale veulent engager une procédure de destitution à l'encontre du président.

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Le président pakistanais Pervez Musharraf est poussé vers la sortie par les partis de la coalition.Image : AP

Après plusieurs mois de cohabitation conflictuelle avec le chef de l'Etat, les deux partis de la coalition ont fini par se mettre d'accord. Le Parti du Peuple pakistanais a cédé aux appels renouvelés de sa partenaire, la Ligue musulmane de Nawaz Sharif, qui réclame le départ du "dictateur Musharraf". Les luttes de pouvoir ne sont pas une nouveauté au Pakistan, mais depuis la réélection de Pervez Musharraf en octobre dernier, les tensions ont atteint leur paroxysme.

Petit rappel historique : en octobre 2007, le général Musharraf, au pouvoir depuis 1999, remporte l'élection présidentielle, mais l'opposition saisit la Cour suprême pour faire invalider le scrutin. Deux semaines plus tard, le retour de l'ancienne figure du pouvoir Benazir Bhutto après huit ans d'exil est marqué par un attentat-suicide qui fait 139 morts. Les adversaires de Benazir Bhutto finiront par arriver à leurs fins en l'assassinant en décembre, alors qu'elle vient de signer un accord de partage du pouvoir avec Pervez Musharraf. Un accord censé entrer en vigueur après les élections législatives prévues en janvier. Entre-temps, le général-président a limogé les juges de la Cour suprême pour les empêcher de se prononcer sur la validité de son mandat. Il cède néanmoins à l'opposition en abdiquant de ses fonctions militaires. Le 29 novembre, Pervez Musharraf est investi à la tête de l'Etat pakistanais en simple civil.

Asif Ali Zardari trifft Nawaz Sharif in Islamabad, Pakistan
Asif Ali Zardari et Nawaz Sharif ont discuté pendant trois jours avant d'arriver à cet accord.Image : AP

Les élections législatives, qui ont été reportées au 18 février, se soldent par la défaite du camp présidentiel. Le PPP, désormais dirigé par le mari de Benazir Bhutto, Asif Ali Zardari, conclut un accord de coalition avec la branche de la Ligue musulmane menée par l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif, lui aussi rentré d'exil. Et depuis février, donc, les deux partis cohabitent difficilement avec le président. S'ils n'ont pas engagé plus tôt la procédure de destitution, c'est parce qu'ils étaient notamment divisés sur le rétablissement des juges de la Cour suprême.

Selon l'accord passé entre le PPP et la Ligue musulmane, les juges devraient être rétablis dans leurs fonctions. Ils pourront donc, en théorie, entamer l'examen de la validité du mandat de Pervez Musharraf. Parallèlement, un acte d'accusation devrait être soumis au Parlement. Il faut au moins l'aval de la moitié des députés pour valider l'acte. Ensuite, le président de l'assemblée devra informer le chef de l'Etat et lui demander de se défendre. L'assemblée nationale ne siège pas actuellement, mais il est possible que le gouvernement convoque une session extraordinaire la semaine prochaine. Il restera alors à Pervez Musharraf deux solutions : démissionner ou dissoudre le Parlement, au risque de provoquer une crise de plus grande envergure encore.