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Partition de fait du Mali

5 avril 2012

Le Mali domine l'actualité africaine dans les colonnes de la presse allemande. Les articles cités ci-dessous sont parus avant le 6 avril.

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Image : dapd

Dans son édition du 3 avril, la Süddeutsche Zeitung écrit que la nouvelle insurrection touarègue est probablement plus dangereuse pour le Mali que tous les soulèvements précédents. L'offensive éclair se traduit de facto par une partition du pays. Mais il n'est pas sûr, estime le journal, que les Touaregs puissent maintenir leur position. Ni les voisins du Mali ni les forces armées maliennes ne s'accommoderont du statu quo. Aussi déliquescente que semble être l'armée malienne, elle va finir par se regrouper et sonner la contre-offensive. Le journal se demande aussi si les Touaregs et les islamistes, qui passaient autrefois pour des ennemis, coopèrent à présent. Une question à laquelle il est de plus en plus difficile de répondre, et cela favorise les réseaux criminels qui s'enrichissent sur les prises d'otages, le trafic de drogue, d'êtres humains et d'armes.

Mali Putsch Putschisten Patrouille in Kati
Patrouille de soldats putschistes à KatiImage : Reuters

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il n'est pas surprenant que les États africains s'inquiètent de la situation au Mali. De la Mauritanie à la Somalie, une ceinture salafiste est en train de voir le jour. Le risque est grand, ajoute le journal, que le Mali ne devienne un État failli. La crise au Mali, souligne de son côté die tageszeitung, est beaucoup plus qu'une crise malienne. Que le Mali, chouchou de la communauté internationale en Afrique de l'ouest, soit maintenant menacé d'une totale désintégration, est révélateur du sens des réalités de la politique européenne et américaine dans le Sahel. Si le monde prenait au sérieux la menace que des stocks d'armes sans contrôle et des islamistes radicaux font peser sur le Mali, il ferait quelque chose contre. Au lieu de quoi, déplore le journal, il décrète des sanctions contre de jeunes militaires qui ont pris le pouvoir par colère face à la dislocation du pays, et il les isole du même coup de leurs seuls alliés potentiels.

Mali Tuareg Rebellen
Rebelles touaregsImage : picture-alliance/dpa

D'un rebelle à l'autre

La presse livre aussi les portraits de deux rebelles touaregs. Le premier s'appelle Mohamed Ag Najem et a été colonel dans l'armée libyenne. Raison pour laquelle, sans doute, la Süddeutsche Zeitung titre sur « Le retour d'un mercenaire ». Mohamed Ag Najem, écrit le journal, est parmi ces milliers de combattants qui ont servi autrefois le dirigeant libyen. Dans sa fuite vers le sud, il a emporté beaucoup de choses avec lui : des armes modernes, des véhicules, des munitions, du savoir-faire militaire. Najem a déjà vécu la premiere rébellion touarègue, dans les années 60. À l'époque, c'était encore un tout jeune garçon et sans doute n'a-t-il pas oublié que son père a été tué par l'armée malienne.

Mali Tuareg Rebellen
Image : picture-alliance/dpa

L'autre portrait est à lire dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung. C'est celui d'Iyad Ag Ghali, le chef du groupe islamiste Ansar Dine ("Protecteur de la religion"), entré lundi dernier dans la ville de Tombouctou. Iyad Ag Ghali, note le journal, est bien connu dans le nord du Mali. Il a été parmi les principaux artisans de la grande révolte touarègue des années 90. Il dirigeait à l'époque le "Mouvement populaire pour la libération de l'Azawad (MPLA) dont les revendications étaient presque identiques à celles de l'actuel Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA). Iyad Ag Ghali revendiquait alors l'autonomie pour les Touaregs. Aujourd'hui, ce salafiste veut introduire la charia, donc un système répressif. Cet homme d'une soixantaine d'années est loin de faire l'unanimité chez les Touaregs. Deux ans après le début du soulèvement de 1990, il avait conclu avec le pouvoir malien un accord de paix connu sous le nom de "paix de Tamanrasset". L'accord avait été rejeté par la plupart des Touaregs et l'un des principaux lieutenants d'Iyad Ag Ghali, Mohamed Ag Najem, avait rompu avec lui en l'accusant de s'être laissé acheter par Bamako.

Präsidentschaftskandidat der Muslimbrüder in Ägypten: Chairat al-Schater
Khairat al-ChaterImage : rtr

Égypte: un islamiste brigue la présidence

Les islamistes font également parler d'eux dans la perspective de l'élection présidentielle en Égypte. Elle doit avoir lieu le 23 mai, et les Frères musulmans, contrairement à ce qu'ils avaient annoncé, présenteront un candidat. Il s'appelle Khairat al-Chater, c'est le numéro deux du parti de la liberté et de la justice, la branche politique des Frères musulmans. La confrérie a opéré un virage à 180 degrés, écrit le quotidien Die Welt. Khairat al-Chater, un homme d'affaires fortuné, a fait plusieurs séjours en prison du temps de Moubarak. Il passe pour un conservateur pragmatique. Mais sa candidature à la présidence va attiser encore plus les tensions entre le Conseil suprême des forces armées et les Frères musulmans. Il est difficilement imaginable que les militaires acceptent un président islamiste, qui pourrait gouverner avec une majorité islamiste au Parlement.

Khairat al-Shater
Khairat al-Chater salue des partisansImage : picture-alliance/dpa

Aux yeux de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, Khairat al-Chater est censé rétablir la discipline, autrefois légendaire, des Frères musulmans, de même que leur cohésion. C'est un apparatchik, ses réseaux et sa richesse en font l'un des membres les plus puissants des Frères musulmans. Sa candidature, note le journal, pose quand même un problème : la loi égyptienne exclut qu'une personne condamnée brigue une charge publique. La balle est donc maintenant dans le camp du Conseil suprême des forces armées qui, par le biais d'une amnistie, pourrait valider la candidature d'Al-Chater. Or, souligne lui aussi ce journal, les militaires et les Frères musulmans se sont plus d'une fois querellés ces derniers mois.

Sudanesische Bäuerin reinigt ausgedroschene Sorgum-Körner
Une paysanne soudanaiseImage : picture-alliance/dpa

Seul dans les monts Nuba

Tout le monde connaît George Clooney, mais qui connait Raphael Veicht ? C'est par cette question que commence un article de la Süddeutsche Zeitung consacré au Soudan. Les deux hommes, note le journal, ont un point commun : ils s'engagent pour la survie des Nubas, un peuple asservi qui a toutes les raisons de craindre d'être exterminé par le régime de son propre État. À présent, ces gens vivent même dans des grottes pour se protéger des bombes de l'ennemi, les dirigeants de Khartoum. George Clooney, la star de Hollywood, était récemment là-bas et a tourné une vidéo sur les atrocités. Arrivé le matin, reparti le soir. Raphael Veicht est en permanence dans les monts Nuba, depuis trois ans. Ce Bavarois y dirige un hôpital pour l'organisation Cap Anamur. Jour après jour, souligne le journal, cet Allemand est confronté aux horreurs de la guerre : ceux qui viennent à lui sont des blessés avec des éclats de bombes, des enfants gravement sous-alimentés, des femmes traumatisées.

Auteur : Marie-Ange Pioerron
Édition : Fréjus Quenum