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Pas de groupe parlementaire d'opposition au Cameroun

17 mars 2022

Au Cameroun, la tentative de mettre sur pied un groupe parlementaire d'opposition a été jugée illégale par le Parlement.

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Image : MOHAMED ABD EL GHANY/REUTERS

Seize députés issus de quatre formations politiques souhaitaient constituer un groupe politique d'opposition baptisé Union pour le changement. Mais leur demande vient d'être jugée illégale.

Ces députés de l'opposition critiquent en effet l'existence d'un seul groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, constitué par le parti majoritaire au pouvoir. Ils disent avoir exploité l'alinéa 1 de l'article 20 de la loi portant règlement intérieur de l'Assemblée nationale, une exploitation fondée sur une contradiction entre la version française et la version anglaise du texte.

"Mais nous savons qu'au Cameroun, les textes sont d'abord écrits en français avant d'être traduits en anglais. Donc si la traduction en anglais n'a pas épousé fidèlement l'esprit de l'écriture en français, nous nous en tenons à l'esprit de la lecture en français. Et donc, nous avons fondé le groupe. Nous l'avons déclaré comme le règlement intérieur veut que cela soit déclaré, c'est-à-dire une déclaration publique portant la signature d'au moins quinze députés. Nous en sommes à seize" réagit Koupit Adamou, député membre du nouveau groupe parlementaire.

L'enjeu d'un groupe parlementaire de l'opposition, affirme Koupit Adamou, c'est plus de visibilité à l'intérieur de l'Assemblée nationale.

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Une question de lecture

Cependant, le RDPC, le parti au pouvoir, contredit l'interprétation que fait l'opposition de l'article 20 du règlement intérieur. Ainsi, le député Essomba Mbengono estime que l'opposition parlementaire aurait mieux fait de commencer par une demande de modification de la loi." Je crois que c'est une insuffisance de lecture. Nos collègues auraient plutôt gagné à exploiter les dispositions du même règlement intérieur de l'article 123 alinéa 5 qui requiert un minimum de seize signatures pour introduire une proposition de modification du règlement intérieur, de manière que celle-ci puisse leur être favorable" explique t-il.

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Bien plus, Essomba Mbengono taxe d'illégalité le groupe parlementaire de l'opposition."Nous ne comprenons donc pas que l'Union pour le changement qui est une formation politique qui n'est pas représentée à l'Assemblée nationale, qui n'avait pas investi de candidats, se retrouve à former un groupe parlementaire. Voilà la première source d'illégalité. La deuxième vient de l'application stricte de l'article 20 alinéa 1 du règlement intérieur qui dans sa formulation est claire : les députés peuvent s'organiser en groupes par partis politiques. Alors, nos collègues estiment que puisque la formule est au pluriel, ça veut dire qu'ils peuvent se mettre ensembleMais l'interprétation consacrée par cette formulation c'est que c'est par partis politiques, individuellement pris" explique Essomba Mbengono.

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L'Union pour le changement rappelle l'union sacrée de l'opposition qui porta la candidature de l'opposant historique John Fru Ndi à la présidentielle de 1992, il y a donc 30 ans.

Mais le quiproquo linguistique sur une disposition réglementaire rappelle aussi la différence souvent décriée entre la version anglaise et la version française de l'hymne national du Cameroun.