1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Polémique sur des propos d'Helmut Schmidt

Sandrine Blanchard26 novembre 2004

En plein débat sur l’intégration, les déclarations d’un ancien chancelier social-démocrate, font grand bruit. Helmut Schmidt a en effet estimé que ça avait été « une erreur de l’Allemagne d’avoir appelé à elle, dans les années 1960 ,de la main d’œuvre étrangère, issue d’une autre culture ». Les propos de l’ancien chancelier divisent la classe politique, et les journaux.

https://p.dw.com/p/C9fj
L'immigration est-elle vraiment un problème?
L'immigration est-elle vraiment un problème?Image : AP

Die Welt

estime qu’Helmut Schmidt est un vieux bougon, un ancien chancelier qui cherche la contradiction pour se prouver qu’il existe. À première vue, ces propos sont forts de café, écrit le journal. Cependant, die Welt recommande d’y regarder de plus près. Car Helmut Schmidt met le doigt sur un phénomène imposé à l’époque par les besoins de l’industrie, et auquel se sont pliées, sans réfléchir, la politique et la société, jusqu’à l’apparition de problèmes avec les immigrés, en majorité turcs. Et le journal estime que les propos de l’ancien chancelier ont au moins le mérite de soulever une question cruciale : est-ce que le multiculturalisme chanté par les beaux parleurs est vraiment compatible avec la démocratie ?

La Frankfurter Allgemeine Zeitung rappelle de nombreux exemples historiques d’intégration « réussie » de par le monde. Alors qu’aujourd’hui, tout semble aller de travers. Même l’exemple, souvent cité, du melting-pot états-unien, est en fait un modèle de séparation des différentes cultures.

C’est, bien évidemment un tout autre son de cloche que l’on peut lire dans la tageszeitung de Berlin. Le journal raconte que là où vit Helmut Schmidt, dans son quartier d’Hambourg, il n’y a pas de ces gens qu’ils visent dans ses déclarations. Pas de Turcs, d’Arabes, de Libanais. Bref, pas de « travailleurs immigrés », comme on a l’habitude de les appeler, écrit le journal. L’ex-chancelier est en décalage avec la réalité, il devrait se tenir au courant de l’état du monde. Et avant de souligner les échecs de la politique d’intégration des quatre dernières décennies, il devrait se rappeler qu’il était au pouvoir entre 1974 et 1982. Et que sans immigrés, il n’y aurait jamais eu de « miracle économique » en Allemagne, car ce sont eux, les immigrés de Sicile, de Galicie, d’Anatolie, de l’Algarve, du Péloponnèse, du Maghreb ou de Krajina, qui ont fait le sale boulot. Mais ça, Helmut Schmidt semble l’avoir oublié, persifle la taz. Or, pour le journal, il serait temps que les « teutons » assument la faute de leurs parents, de n’avoir vu en les immigrés que des « travailleurs hôtes » (c’est le mot allemand de Gastarbeiter »), et non de nouveaux citoyens à part entière.