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Polémique toujours vive sur le mémorial aux expulsés allemands

5 janvier 2010

En Allemagne, nouveau rebondissement dans la polémique autour d’un musée berlinois consacré aux populations germanophones d'Europe de l'Est déplacées pendant la Seconde Guerre mondiale.

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Erika Steinbach, personalité controversée en Allemagne et en Pologne, est présidente de la Fédération des expulsés depuis 1998.Image : AP

Depuis des mois déjà, un point pose problème : la candidature d'une personnalité très controversée pour siéger au conseil de direction du mémorial. Erika Steinbach, la présidente de la Fédération des expulsés allemands, vient finalement de proposer d'elle-même de renoncer à ses ambitions, mais à certaines conditions. L'affaire divisait déjà le précédent gouvernement et elle pourrait bien semer la discorde au sein de l'actuelle coalition entre conservateurs et libéraux.


Petit rappel historique : à la fin de la Seconde Guerre Mondiale en 1945, les frontières de l'Union Soviétique étaient repoussées vers l'Ouest. En compensation, la Pologne recevait des territoires allemands et sa propre frontière occidentale était redessinée, le long de la ligne Oder-Neisse.

Vertriebene aus Polen bei ihrer Ankunft in Deutschland.
Personnes expulsées de Pologne à leur arrivée en Allemagne. Entre 12 et 15 million d'Allemands ont été déplacés pendant et après la Seconde Guerre mondiale.Image : dpa

La Fédération allemande des expulsés souhaite conserver le souvenir des 12 à 15 millions d'Allemands chassés pendant ou après la Seconde Guerre mondiale de territoires aujourd'hui situés en Pologne et en République Tchèque. Mais consacrer un musée à la mémoire de ces populations est une initiative délicate. Pour les pays voisins, les injustices subies par les expulsés sont à mettre sur le compte des crimes commis par le régime nazi. Et la Pologne craint notamment de voir ce mémorial présenter les Allemands comme des victimes, alors que c'est leur pays qui avait déclenché la guerre.

A ces difficultés historiques, vient s'ajouter la polémique autour de la personne d'Erika Steinbach. Mais pourquoi la présidente de la Fédération des expulsés est-elle si controversée ? Erika Steinbach, députée conservatrice, est elle-même née il y a 67 ans près de l'ancienne ville allemande de Danzig, aujourd'hui Gdansk en Pologne. Elle avait suscité un scandale en 1991 en votant contre l'accord frontalier germano-polonais qui reconnaissait le tracé des frontières de 1945.

Karte Deutschland Polen
La frontière entre la Pologne et l'Allemagne a été repoussée vers l'Ouest en 1945. Son tracé, le long de la ligne Oder-Neisse, a plus tard été reconnu par l'Allemagne après sa Réunification.Image : DW

Pour ne pas compromettre les relations entre l'Allemagne et la Pologne, le précédent gouvernement avait décidé que le futur musée ne serait pas dirigé par Erika Steinbach elle-même et son organisation, mais par une fondation indépendante. La fédération des expulsés y serait représentée, mais le gouvernement aurait le dernier mot sur les décisions importantes.

Après des longs mois de bataille, Erika Steinbach propose aujourd'hui de renoncer à siéger au sein de cette fondation, mais à condition que celle-ci soit libérée de sa « tutelle politique » et que la fédération des expulsés y soit mieux représentée. Or le ministre des affaires étrangères Guido Westerwelle, a souligné qu'il souhaitait avant tout préserver les bonnes relations avec la Pologne. De son côté, l'opposition parle de véritable chantage de la part d'Erika Steinbach. Le musée à la mémoire des expulsés pourrait donc ne pas voir le jour avant longtemps.

Auteur : Aude Gensbittel

Rédaction : Audrey Parmentier