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Polémique autour de la liberté d'expression sur YouTube

Emma Gouaille
29 mai 2019

En Allemagne, un youtubeur a appelé à boycotter les partis au pouvoir pour les élections européennes. La cheffe de la CDU parle de manipulation électorale et appelle à de nouvelles règles pour le monde digital.

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Annegret Kramp-Karrenbauer dite "AKK" n'a pas aimé la vidéo de Rezo
Annegret Kramp-Karrenbauer dite "AKK" n'a pas aimé la vidéo de RezoImage : picture-alliance/dpa/H. Schmidt

En Allemagne, un youtubeur a beaucoup fait parler de lui ces derniers jours. Rezo a publié une vidéo dans laquelle il appelait ses abonnés à ne pas voter pour les partis au pouvoir, la CDU et le SPD, pour les élections européennes.  

La vidéo, partagée par 70 autres youtubeurs, compte treize millions de vues à ce jour. La CDU est finalement arrivée en tête des élections européennes en Allemagne, mais le parti a réalisé le pire score de son histoire avec à peine 29 % des suffrages. Face à cela, la cheffe du parti, Annegret Kramp-Karrenbauer, a suggéré de nouvelles règles pour le monde digital.

Ces déclarations ont beaucoup fait réagir en Allemagne, y compris au sein de son propre parti. La liberté d’expression est en effet un fondement de la démocratie, un principe auquel personne ne doit s'attaquer.

"Les réactions ont été vives parce que pour pas mal d'observateurs c'était une attaque à la liberté d'expression qui est quand même écrite dans l'article 5 de la Constitution allemande. Donc tout le monde peut s'exprimer comme il le veut et ce n'est pas seulement vrai pour tous les citoyens mais aussi pour les youtubeurs", estime Dominik Grillmayer, chercheur à l’institut franco-allemand de Ludwigsburg.

Le youtubeur Rezo a fait 13 millions de vues avec sa vidéo "La destruction de la CDU"
Le youtubeur Rezo a fait 13 millions de vues avec sa vidéo "La destruction de la CDU"Image : picture-alliance/dpa/Privat

La cheffe de la CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer, AKK comme elle est surnommée en Allemagne, a comparé YouTube à des journaux en disant : "Comment réagirait le pays si 70 journaux appelaient ensemble, à deux jours d'un scrutin, à voter contre la CDU et le SPD ? Ça aurait été de la manipulation électorale"

Une liberté parfois bafouée en Afrique

Cette affaire pourrait être assimilée à une tentative de contrôler la liberté d'expression sur les médias sociaux. Un problème récurrent en Afrique, surtout sur Facebook.

"Il faut se souvenir que les printemps arabes ont été rendus possibles aussi grâce au fait que les Égyptiens, à l'époque, pouvaient s'échanger des informations sur la plateforme Facebook. Ce réseau social fait évidemment peur aux gouvernants qui n'ont pas l'habitude de la liberté", explique Julie Owono, directrice exécutive d’Internet sans frontières.

Selon elle, une liberté relative règne encore sur YouTube malgré les nombreux youtubeurs africains qui parlent de politique.

"On peut dire, pour l'instant, en tout cas, que YouTube reste un espace de liberté d'expression politique pour les utilisateurs africains. Maintenant est-ce que ca va durer...? On peut redouter que la crainte que ne se diffusent aussi sur la plateforme Youtube des contenus problématiques pousse de plus en plus d'États à faire comme ils le font sur Facebook, c'est à dire utiliser la lutte contre les fake news, contre la haine sur Internet pour mieux censurer", analyse Julie Owono.

La censure est évaluée par chaque réseau social dans un rapport de transparence. Il liste le nombre de demandes de suppressions de contenus par les États. En Afrique, c'est Facebook qui est toujours le plus concerné.