Portrait : Francfort-sur-l'Oder, les ponts vers l’Est
5 octobre 2010Lorsqu’on flâne dans les rues de Francfort-sur-l’Oder, on s’étonne peut-être du grand nombre de constructions neuves qui marquent le visage de la ville. A l’exception de la « St.-Marien-Kirche » (Eglise Ste Marie), de l’Hôtel de Ville et d’un ancien monastère, la plupart des bâtiments historiques de la ville ont été détruits pendant la Seconde Guerre mondiale. Des quartiers entiers de barres de béton encerclent la ville et font planer aujourd’hui le charme fané des années 1970 sur la silhouette de la ville. Mais les étendues de pelouse verte du Parc Lenné, très central, et les berges de l’Oder qui forment la frontière avec la Pologne, invitent à la détente.
Echanges culturels animés
Deux pays, deux villes, un site. L’artiste Michael Kurzwelly, qui vit à Francfort-sur-l’Oder, a inventé le concept de « Slubfurt », la symbiose linguistique de Slubice et Francfort pour articuler le rêve si souvent répandu d’un espace urbain transculturel.
Les associations et les projets artistiques vivent cette frontière et cet espace de vie qui efface justement les frontières car Francfort-sur-l’Oder est à la fois l’ancien accès à la Pologne et aux pays voisins de l’est de l’Europe.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale et avec l’entrée en vigueur du Traité de Potsdam, la cité est devenue ville-frontière. Son ancien faubourg est devenu la ville polonaise de Slubice.
Lorsqu’on prend le train de Berlin à Varsovie, on traverse la ville universitaire la plus orientale d’Allemagne. La curiosité suscitée par une autre culture et le prix modique des cigarettes n’expliquent à eux seuls l’augmentation enregistrée depuis la réunification allemande des passages de frontière entre l’Allemagne et la Pologne.
La nouvelle université européenne « Viadrina », fondée en 1991, avec ses sites répartis dans les deux villes, est une plate-forme tournante culturelle et un point d’ancrage qui attirent des jeunes gens de tous les coins du monde.
La malédiction de la zone
Le sud de la ville est marqué par un paysage de méandres, de prairies humides, de forêts et de lacs. Le nord s’ouvre sur les étendues de la plaine de l’Oder et du « Helenesee » (Lac Hélène). Pourtant, cette ville-frontière ne parvient pas à sortir de l’ombre de la capitale, Berlin, à une heure de train seulement d’ici. Aujourd’hui, environ 60 000 personnes sont ici chez elle. Depuis la « Wende », la révolution pacifique dans l’ex-RDA en 1989 toutefois, le chômage de masse et un fort recul de la natalité a réduit le nombre de ses habitants de plus d’un quart.
Auteur : Ronny Arnold
Edition : Naïma Guira