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Pour Moscou, la normalité est revenue en Tchétchénie

Aude Gensbittel17 avril 2009

A la Une des quotidiens allemands : la fin des « opérations anti-terroristes » de la Russie en Tchétchénie. Moscou a annoncé hier la levée du régime de sécurité mis en place il y a dix ans dans la république caucasienne.

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Archive de février 2000 : soldats russes à Grozny en Ttchétchénie.Image : picture-alliance / dpa

Le président de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, a évoqué une « victoire contre les bandits ». La presse allemande, elle, est sceptique.


La Tchétchénie pacifiée, est-ce bien vrai ? s'interroge la Frankfurter Rundschau. Le véritable seigneur de la région, Ramzan Kadyrov, a récemment déclaré aux téléspectateurs russes que la Tchétchénie était la région la plus calme de Russie. Mais le critère de calme ne signifie pas grand-chose, estime le quotidien, car on peut dire la même chose des cimetières. Ramzan Kadyrov, qui est arrivé au pouvoir il y a deux ans avec le soutien du président russe de l'époque, Vladimir Poutine, a fait tout le sale boulot pour Moscou. Il a acheté, corrompu ou rallié à son camp les rebelles. Quand aux opposants et aux concurrents, ils ont été victimes d'assassinats commandités.


Tschetschenien Ramasan Kadyrow neuer Präsident
Le président tchétchène Ramzan Kadyrov lors de sa prise de fonctions en 2007Image : AP

Pour la Süddeutsche Zeitung, Moscou ne sait plus depuis longtemps si le despote de la province, Ramzan Kadyrov, fait partie de la solution ou du problème. On ne peut pas ignorer la reconstruction du pays, avec ses écoles, ses hôpitaux et le boulevard Poutine. De plus, le président tchétchène s'est débarrassé des ennemis de la Russie. Mais malgré son dévouement apparent, Ramzan Kadyrov est entre-temps devenu imprévisible. Ses hommes livrent des combats aux troupes de Moscou, il rêve de sa propre douane et de ses propres exportations de pétrole. La Russie ne s'est jamais donné la peine de trouver une solution politique au problème de la Tchétchénie. Le fait qu'elle déclare aujourd'hui la normalité ne signifie pas la fin de la violence.


Même après l'annonce officielle de la fin de « l'opération anti-terroriste » en Tchétchénie, le Nord Caucase reste un foyer de troubles, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Depuis plusieurs années, les nouvelles d'attentats et de fusillades dans la région venaient rarement de Tchétchénie même, mais souvent des républiques voisines, le Daguestan et l'Ingouchie, remarque la FAZ.


L'insécurité s'est répandue dans toute la région, renchérit la Tageszeitung. L'extrémisme islamique et les troubles sociaux touchent aussi les républiques voisines. Même en Tchétchénie, une paix durable ne s'est pas installée. Sous la protection de Vladimir Poutine, la Tchétchénie a acquis un degré d'indépendance dont les séparatistes n'auraient pas osé rêver. Le despote de Grozny ne voudra certainement pas abandonner cette autonomie de son propre gré. Pour la taz, un nouveau conflit se dessine à l'horizon, et il pourrait se propager à l'ensemble du Caucase.