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Pourquoi le M5-RFP rejette la charte de transition au Mali

Mahamadou Kane
14 septembre 2020

La charte adoptée suite à la "concertation nationale" prévoit une transition de 18 mois dirigée par un civil ou un militaire. Le M5-RSP accuse la junte de vouloir garder le pouvoir.

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Le M5 avait été l'initiateur des grandes manifestations populaires qui ont précipité la chute du régime d'Ibrahim Boubacar Keïta
Le M5 avait été l'initiateur des grandes manifestations populaires qui ont précipité la chute du régime d'Ibrahim Boubacar KeïtaImage : Getty Images/AFP/M. Cattani

Au Mali, la charte de la transition a été adoptée ce week-end à Bamako après trois jours deconcertation nationale.

La transition aura une durée de 18 mois et le président de la transition sera soit un civil ou un militaire.
Un collège mis en place par le CNSP (Comité national pour le salut du peuple) désignera dans les heures qui suivent celui qui dirigera l’organe de transition. Mais le texte adopté est d’ores et déjà rejeté par le M5-RFP.

Le colonel Malick Diaw, l'un des leaders du CNSP au Mali
Le colonel Malick Diaw, l'un des leaders du CNSP au MaliImage : Reuters/M. Kalapo

Un président, un vice-président, un conseil national

Les organes de la future transition politique au Mali seront composés d’un président de la transition qui sera secondé par un vice-président, d’un conseil national de la transition avec 121 membres et d’un gouvernement de 25 membres. L’ancien Premier ministre Moussa Mara se dit optimiste :  

‘’L’ambition c’est que nous arrivons à réunir les Maliens en grande partie et nous arrivons aussi à travailler avec la communauté internationale. Donc nous faisons confiance au CNSP et à l’ensemble des leaders pour travailler à ce que la collaboration avec la CEDEAO (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest) se passe dans les bonnes conditions.’’ 

Les membres des organes de transition auront pour missions de renforcer la sécurité sur l’ensemble du territoire national ou encore d’organiser les élections générales dans le pays.

Des délégués aux concertations à Bamako le 10 septembre
Des délégués aux concertations à Bamako le 10 septembreImage : picture-alliance/AP

Réactions optimistes...

Dramane Yalcouye, président des jeunes de Ginna Dogon (association malienne pour la protection et la promotion de la culture dogon) estime que 18 mois pour "poser les jalons d'un Mali nouveau" sont "raisonnables".

Si la durée de la transition a été dévoilée, l’incertitude demeure autour du profil du nouveau président de transition. Selon Coumba Bah, communicatrice, cette étape sera décisive : 

"Il y a encore des travaux à faire en sourdine pour qu’il puisse y avoir un consensus sur ce président ou cette vice-présidente, ce vice-président ou cette vice-présidente et ce gouvernement qui aura 25 membres maximum."

Pour Eveline Jacques du parti Mali Emergence, ce n’est pas tant le profil du dirgeant de la transition qui compte: 
"Civil ou militaire peu importe. Il faut juste que ce soit quelqu’un qui nous mènera à bon port", estime-t-elle.

.... ou pas

Le M5-RFP (Mouvement du 05juin, Rassemblement des Forces Patriotiques) se démarque pour sa part du document produit qui ne refléterait pas "les points de vue et les décisions du peuple malien".

Choguel Kokalla Maiga, coordinateur du Mouvement du 05 juin, dénonce une volonté de confiscation du pouvoir au profit des militaires putschistes :  
"Le M5-RFP condamne la non prise en compte unilatérale de nombreux points du document qui n’avait pas fait l’objet ni de rejet, ni même de réserve dans aucun groupe. Il s’agit notamment des assises nationales sur la refondation, l’organe de gestion du mécanisme de veille de la transition, le haut conseil consultatif. En conséquence, le M5-RFP dénonce les intimidations, les pratiques anti-démocratiques dignes d’une autre époque contre lesquelles la lutte pour le changement et la refondation a été déclenchée." 

Ce mardi (15.09), un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO sur la situation au Mali se tiendra à Accra au Ghana. Les membres du CNSP (Comité National pour le Salut du Peuple) y sont conviés.