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Poutine maître de la Crimée

Marie-Ange Pioerron19 mars 2014

La presse allemande reste extrêmement critique, et inquiète, après la signature du traité qui consacre l'annexion de la Crimée par la Russie.

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Discours de Poutine devant les parlementaires russes, 18 mars
Discours de Poutine devant les parlementaires russes, 18 marsImage : Reuters

Le quotidien Die Welt relève que dans son discours devant les parlementaires russes, Poutine est allé jusqu'à évoquer la réunification de l'Allemagne pour montrer toute l'importance qu'il attache au "rapatriement" de la Crimée dans le giron russe. Un comble, estime à ce sujet la Volksstimme de Magdeburg. A l'époque de la réunification de l'Allemagne des murs sont tombés, qui coupaient le monde en deux. Par sa politique Poutine est en train d'ériger de nouvelles frontières entre son pays et l'occident.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung l'imperturbable froideur avec laquelle Poutine a rattaché la Crimée à l'empire russe, et tracé de nouvelles frontières en Europe, n'a pas son pareil - et elle a ses admirateurs. Y compris au-delà de la Russie. Car Poutine n'est pas seulement un maître dans l'art de faire passer ses adversaires, ses concurrents et ses anciens partenaires stratégiques pour des idiots. C'est aussi un virtuose de la propagande.

Signature du traité d'adhésion de la Crimée à la Russie
Signature du traité d'adhésion de la Crimée à la RussieImage : Reuters

Le cauchemar de l'Europe, titre la Süddeutsche Zeitung, après donc le rattachement de la Crimée à la Russie. Cauchemar surtout pour les peuples de l'Europe centrale: Pologne, Hongrie, Etats baltes. Pour la première fois en Europe depuis la Seconde guerre mondiale, souligne le journal, un Etat s'est emparé de force d'une partie d'un autre Etat. Cela ne peut être occulté ni par les manifestations de joie en Crimée ni par la procédure pseudo-légale de l'annexion, avec référendum éclair, déclaration d'indépendance et demande d'adhésion à la Fédération russe. Seules la Syrie et la Corée du nord acceptent ce cirque.

En dehors de l'Europe et des Etats-Unis, note pourtant la Neue Ruhr Zeitung, l'intérêt porté à la crise en Crimée est extrêmement faible. Les éventuelles sanctions européennes et américaines ne toucheraient en rien les relations économiques, de plus en plus fortes, qu'entretient la Russie avec des pays comme la Chine, l'Inde ou le Brésil. Dans le monde arabe et dans de nombreux pays africains Poutine pourrait même gagner en prestige s'il continue sur la même voie. Les occidentaux y sont vus d'un oeil critique, leur politique étant perçue comme une tutelle.

Soldat russe, à l'avant-plan, devant une base militaire ukrainienne à Simferopol
Soldat russe, à l'avant-plan, devant une base militaire ukrainienne à SimferopolImage : Reuters