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Première journée du procès contre quatre hauts responsables Khmers Rouges

27 juin 2011

Au Cambodge, le procès pour génocide contre les quatre plus hauts responsables Khmers rouges s'est ouvert ce lundi dans la capitale Phnom Penh.

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Khieu Samphan, ex- chef d'Etat du Cambodge (au centre) devant le Tribunal CECT à Phnom Penh, CambodgeImage : dapd

Entre 1975 et 1979 le régime de terreur dirigé par Pol Pot, qui affirmait être un ultramaoiste pur et dur, avait coûté la vie à près de deux millions de Cambodgiens soit à un cinquième de la population du Cambodge. Pol Pot est mort en 1998 à l’âge de 73 ans sans avoir jamais été inquiété. Mais à partir de ce lundi, c’est devant un tribunal composé de juges cambodgiens et internationaux que ses quatre acolytes les plus proches , âgés de 79 à 85 ans doivent maintenant, eux, répondre de leurs crimes au cour d’un procès qui pourrait durer encore deux ans.

Arrêtés en 2007, les quatre octagénaires sont accusés de crimes contre l'humanité, crimes de guerre et génocide. Il s’agit de l’ex-représentant de Pol Pot et numéro 2 du régime Nuon Chea, de l'ancien président Khieu Samphân, de l'ancien ministre des Affaires étrangères Ieng Sary, et de son épouse Ieng Thirith, ancien ministre des Affaires sociales sous Pol Pot.

"A côté de Pol Pot lui – même, ces quatre étaient les vrais responsables de tous ces horribles crimes. Il est essentiel qu’ils comparaissent maintenant en justice. La majorité des Cambodgiens est persuadée que ces quatre là sont coupables."

Tel est l’avis d’Ou Virak, directeur du Centre cambodgien pour les Droits de l’Homme et qui voit en ce procès la dernière possibilité d’obtenir justice pour les victimes et peut être de comprendre pourquoi ce génocide a eu lieu. Cependant les accusés à l’exception de Khieu Samphan, rejettent toutes les accusations et refusent de coopérer avec le tribunal.

Kambodscha zweiter Prozess gegen Rote Khmer in Phnom Penh
Ieng Sary, ancien ministre des Affaires étrangères sous Pol PotImage : dapd

Enfant à l’époque, Him Serey a survécu au régime de terreur des Khmers Rouges:

"Les dirigeants Khmer rouges ont du sang sur leurs mains. Je ne peux pas leur pardonner. Ils doivent recevoir leur juste châtiment, et à mon avis cela ne peut être qu’une peine à perpétuité!"

Ce procès devant les CECT, Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, - c’est la dénomination officielle du tribunal créé en 2005 avec le soutien de l'Onu pour juger les crimes du régime khmer rouge- est d'une importance capitale pour les familles des victimes disparues comme pour les survivants de la terreur. Chum Mei , 80 ans est l’un des rares à avoir survécu à un camp de la mort:

"Je souhaite que les quatre disent la vérité devant le tribunal , ce qui s’est vraiment passé à l’époque, que tout soit révélé et que la souffrance des familles des victimes soit un peu allégée. La vérité ne doit plus rester cachée."

Cela risque de durer. Jusqu'à jeudi, les audiences préliminaires vont se concentrer sur des questions de procédures, avant une suspension pour quelques semaines d'un procès qui pourrait durer au moins deux années.

Hun Sen
Le Premier ministre actuel Hun SenImage : AP

Procès qui risque bien aussi d’être le dernier du genre contre des criminels Khmers Rouges. Le Premier ministre cambodgien, Hun Sen, lui-même un ancien cadre khmer rouge et n'a jamais caché son mépris pour les CETC co- gérés par l’ONU. Il a fait savoir au Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, qu'aucune nouvelle inculpation ne serait tolérée.

Auteur: Udo Schmidt / Philippe Pognan
Edition: Marie-Ange Pioerron