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Première sortie à l'étranger de Nkurunziza

20 juillet 2017

Le président burundais s'est rendu en Tanzanie ce jeudi, sa première visite hors du pays depuis le putsch manqué de mai 2015, Officiellement, il s'agit de renforcer les relations entre la Tanzanie et le Burundi.

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BUJUMBURA Burundi Präsident Pierre Nkurunziza 1st L Front inspects
Image : Imago/Xinhua/E. Ngendakumana

Le président burundais Pierre Nkurunziza serait allé étudier avec son homologue tanzanien les stratégies pour relancer le dialogue inter-burundais qui se situe au point mort, confie un diplomate.

Celui-ci appuie son argument sur le fait que le facilitateur désigné par la communauté d’Afrique de l’Est, Benjamin William Mkapa , peine à concilier les positions des protagonistes.  

D’où la décision de John Pombe Magufuli de reprendre les choses en main en recevant son homologue burundais à Ngara, ville située à une quinzaine de kilomètres de la frontière burundaise. 

Joint au téléphone, le premier vice-président Gaston Sindimwo et l’Ambassadeur du Burundi aux Nations unies, Albert Shingiro, nous ont déclaré que ce tout premier voyage effectué par le président Pierre Nkurunziza à l’étranger témoigne du retour de la sécurité dans le pays.

Le spécialiste du Burundi Christian Thibon estime qu’il s’agit là du coup d’envoi d’une offensive diplomatique. "C’est une façon aussi pour Pierre Nkurunziza de montrer qu’il n’est pas isolé, de renforcer cette politique qui vise à accumuler une petite victoire  diplomatique auprès des pays africains", explique Chistian Thibon. "C’est aussi un moyen  de jouer sur les dissensions régionales entre la Tanzanie et le Kenya, de s’appuyer sur ce grand voisin qu'est la Tanzanie pour tenter de renforcer sa position à l’échelle du continent africain."

"Tous les officiers susceptibles de faire un coup d'Etat"

Même s’il a pris le risque de quitter le sol burundais, Pierre Nkurunziza a eu soin d’assurer ses arrières. "Il avait pris avec lui tous les officiers susceptibles de faire un coup d’Etat", explique Pancras Cimpaye, le porte-parole du CNARED, la principale plate-forme de l’opposition politique burundaise en exil. "En tout cas, la composition de la délégation a plutôt démontré que Nkurunziza redoute un coup d’État qui viendrait de son entourage. Il ne pouvait pas envisager un voyage  par exemple par avion, où il peut rester en dehors du Burundi plus de 24 heures. Il a juste fait un aller-retour. Ce qui n’est pas forcement évident s’il devait envisager un voyage officiel, un peu plus loin du Burundi." 

Une source proche de la présidence burundaise explique que Pierre Nkurunziza  a rencontré son homologue tanzanien pour obtenir les assurances de son allié. Car les denrées de premières nécessités qui entrent au Burundi proviennent de la Tanzanie.

Retour des refugiés burundais

Au cours de cette visite officielle, le président tanzanien John Magufuli a appelé les réfugiés burundais à rentrer dans leur pays. Selon le Haut Commissariat de l'Onu pour les réfugiés, 275.000 Burundais se sont réfugiés en Tanzanie depuis le début de la crise politique en avril 2015.

Ces chiffres sont contestés par les gouvernements burundais et tanzanien, selon lesquels une majorité d’entre eux est déjà rentrée au Burundi.

Rappelons qu’en mai 2015, le président Pierre Nkurunziza prenait part à un sommet de l’EAC à Dar es Salaam, dans le nord de la Tanzanie, lorsqu’il a essuyé une tentative de coup d’État militaire qui a échoué.

Depuis, le pays a sombré dans une crise politique, née de la décision de Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat alors que la Constitution du pays ne l’y autorisait pas.

Bilan : entre 500 à 2.000 morts, selon les Nations Unies et les ONG nationales et internationales de défense des droits de l’homme. Cette crise aurait également contraint à l'exil plus de 425.000 Burundais qui craignaient pour leur sécurité.

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona