Procès Freital, le miroir de l'extrémisme en Allemagne // La cuisine japonaise se modernise | PROGRAMME | DW | 09.09.2020
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PROGRAMME

Procès Freital, le miroir de l'extrémisme en Allemagne // La cuisine japonaise se modernise

Plusieurs des membres ou soutiens du "groupe de Freital" comparaissent dans un deuxième procès devant la justice. Ce groupuscule néo-nazi avait mené des attaques en 2015 contre des réfugiés et ceux qui les aidaient. // En 2ème partie du magazine, révolution dans la cuisine japonaise: des gâteaux traditionnels imprimés en 3D et des femmes derrière les fourneaux de grands restaurants.

Il y a vingt ans, le 9 septembre 2000, Enver Simsek, un vendeur de fleurs d'origine turque, était assassiné près de Nuremberg, dans le sud de l'Allemagne… Première victime de la pire série de meurtres xénophobes qu'a connus le pays: dix personnes, dont neuf d'origine immigrée, assassinées entre 2000 et 2007 par la NSU, un groupuscule néonazi.

Une affaire qui a non seulement fait éclater au grand jour le problème de l'extrême-droite violente en Allemagne, dix ans seulement après le premier meurtre, mais qui a surtout aussi révélé les défaillances de la surveillance des milieux extrémistes.

→ Écoutez le magazine Vu d'Allemagne "Dernière ligne droite dans le procès de la NSU (mai 2018): https://p.dw.com/p/2xNjj 

Objectif: répandre un climat de peur

Contrairement à la NSU, les membres du "groupe Freital", eux, n'ont tué personne. Mais ils ont semé la terreur pendant plusieurs mois dans cette ville de l'est de l'Allemagne, en s'attaquant à des foyers de demandeurs d'asile ou à des militants favorables à l'accueil des réfugiés. Steffi Brachtel est l'une de leurs victimes:

Victime du groupe Freital, Steffi Brachtel porte toujours en elle le traumatisme de 2015

Victime du groupe Freital, Steffi Brachtel porte toujours en elle le traumatisme de 2015

"Ca a commencé par des insultes sur internet. Puis j'ai eu le sentiment d'être surveillée. En août 2015, ma boîte aux lettres a explosé. Il a été prouvé que c'était le groupe Freital. Et mon fils a été attaqué par un d'entre eux, qui a comparu au premier procès. On se sent complètement impuissant."  

Les huit principaux acteurs du groupe, tous des habitants de la ville, ont été jugés lors d'un premier procès, en 2018. Le tribunal de Dresde a estimé qu'ils faisaient partie d'un groupe terroriste qui cherchait à "répandre un climat de peur".

Un des attentats vise à l'époque un foyer d'accueil de réfugiés. La charge artisanale est déposée sur le rebord d'une fenêtre, l'explosion fait un blessé.

Les autorités locales relativisent dans un premier temps la gravité des actes. Le maire de la ville, mais aussi de nombreux responsables politiques locaux semblent plus préoccupés par la mauvaise publicité dans les médias que par le déferlement de haine sur leur ville. On parle alors de "pétards" et d'actes "répréhensibles" menés par un petit groupe de "vauriens".

Des terroristes et non des "vauriens"

À l'époque, Michael Richter siège au conseil municipal pour le groupe Die Linke. Il milite aux côtés de Steffi Brachtel pour l'accueil des réfugiés. Un jour, sa voiture explose.

Michael Richter était élu au conseil municipal de Freital, aujourd'hui il a quitté la ville et abandonné la politique

Michael Richter était élu au conseil municipal de Freital, aujourd'hui il a quitté la ville et abandonné la politique

"J'ai lu les dossiers. Ces gens savaient tout de mes moindres déplacements. Après l'attentat sur mon véhicule, ils prévoyaient de me faire sauter avec ma nouvelle voiture. Ils savaient tout."

La lecture des dossiers a permis à Michael Richter d'apprendre que son propre voisin était informateur pour le groupe Freital. Il est tellement choqué par ces découvertes qu'il décide de quitter Freital en 2017 pour s'installer en Bavière.

"Je vis maintenant libéré. Je peux exprimer mon opinion librement. Même si être de gauche est plutôt une exception en Bavière."

Alors que le deuxième procès vient de s'ouvrir à Dresde, Michael Richter espère que les derniers doutes seront levés sur le groupe et ses intentions.

"J'attends de ce deuxième procès que ceux qui sont encore sceptiques se réveillent et comprennent qu'il y a eu plus que quelques "vauriens". Je ne pense pas que tous les responsables aient été arrêtés. Je m'attends à ce qu'il y ait forcément une troisième mise en accusation."

Victimes de terrorisme d'extrême-droite

Steffi Brachtel, elle, n'a pas quitté Freital, mais elle garde les traces de cette période traumatisante.

"J'ai toujours traversé la vie avec assurance. Et puis un jour la menace se rapproche. Et on lit sur internet des insultes et des informations sur sa famille. On devient paranoïaque. On se demande par exemple: qu'est-ce qui m'attend derrière la prochaine voiture? Ou quand la porte de l'ascenseur s'ouvrira? On devient alors plus attentif et on a constamment l'impression qu'il va se passer quelque chose. Et on s'inquiète pour ses parents, amis et famille."

Freital, une petite ville tranquille entre les collines saxonnes, est devenue un enfer pour les défenseurs des réfugiés en 2015

Freital, une petite ville tranquille entre les collines saxonnes, est devenue un enfer pour les défenseurs des réfugiés en 2015

Selon Steffi Brachtel, le premier procès a fait prendre conscience à certains habitants de Freital que les actes du groupe relevaient de l'extrémisme et du terrorisme. Elle n'est toutefois pas certaine que la ville ait tiré les enseignements de cette expérience…

"Ce qui s'est passé ici, c'est du terrorisme d'extrême-droite. Il faut le dire! On ne parle pas du fait que ma boîte aux lettres a explosé parce qu'on y avait mis des pétards. Non, c'était des explosifs! Je crois que cela pourrait de nouveau arriver. On a juste accusé le sommet de l'iceberg. Il y a encore beaucoup de gens en ville qui les soutiennent ou qui les ont applaudis. Oui, le danger est encore là."

Cinq ans après les événements, le parti d'extrême-droite AfD est le groupe politique qui compte le plus d'élus au conseil municipal, renouvelé en 2019.

La moitié des huit accusés du premier procès du groupe Freital ont été remis en liberté conditionnelle. Le deuxième procès, dans lequel comparaissent trois hommes et une femme,  doit durer jusqu'au début de l'année prochaine.

Contribution: Hans Pfeifer

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Vu d’Allemagne est un magazine radio hebdomadaire, proposé par Hugo Flotat-Talon et Anne Le Touzé, diffusé le mercredi et le dimanche à 17h30 TU, et disponible aussi en podcast. Vous retrouvez  tous les numéros dans la médiathèque, à écouter en ligne ou à télécharger en format MP3. Le podcast est également disponible sur certaines plateformes de podcasts. 

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