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Quasi coup d'État aux Maldives

7 février 2012

Le président Mohamed Nasheed a démissionné après des semaines de troubles et une mutinerie de policiers qui ont pris le contrôle de la télévision nationale. Nasheed était le 1er président démocratiquement élu du pays.

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Le président démissionnaire des Maldives, Mohammed Nasheed
Le président démissionnaire des Maldives, Mohammed NasheedImage : dapd

C'est un pays dont on parle peu si ce n'est pour vanter la beauté de ses plages fréquentées par des touristes japonais, chinois ou britanniques. L'archipel des Maldives connaît pourtant un bouleversement politique qui ressemble beaucoup à un coup d'État.

En effet, Mohamed Nasheed, élu en 2008 pour cinq ans, a démissionné. Il a déclaré qu'il ne souhaitait pas diriger le pays "d'une main de fer" et que, dans ces conditions, il préférait se retirer. Les conditions évoquées sont les manifestations et troubles qui se répètent dans la capitale, Mahé, depuis des semaines. Des manifestations auxquelles se sont joints des policiers rebelles. Ceux-ci ont pris le contrôle de la télévision d'État MNBC et l'ont rebaptisée TV Maldives, un canal qui diffuse désormais des messages favorables à l'opposition. L'armée a démenti qu''il s'agisse d'un coup d'État, mais elle a indiqué avoir conseillé au président de démissionner. Autant dire que si ce n'est pas un coup d'État, cela y ressemble beaucoup.

Extrémisme islamiste

La police des Maldives, comme ici ces officiers, s'est jointe aux manifestants qui réclamaient le départ du président
La police des Maldives, comme ici ces officiers, s'est jointe aux manifestants qui réclamaient le départ du présidentImage : dapd

Ce changement politique est la conséquence d'une crispation sociale aux Maldives avec une dégradation de la situation économique, un taux de chômage en hausse, notamment chez les jeunes, et une progression de l'extrémisme islamiste dans une république où l'islam sunnite est la religion d'État et où l'alcool est interdit, en dehors bien entendu des îles réservées au tourisme de luxe. D'ailleurs, le président démissionnaire Mohamed Nasheed était accusé par l'opposition d'être anti-musulman.

Ce bouleversement politique fait peser des doutes sur la très jeune démocratie des Maldives. Mohamed Nasheed est le premier président élu démocratiquement. Cet ancien opposant, qui a passé six ans derrière les barreaux, avait mis un terme à trente ans de règne de l'ancien homme fort du pays, Maumoon Abdul Gayoom. C'est d'ailleurs le nom de ce même Gayoom que les manifestants scandaient il y a quelques jours devant la présidence.

Mais pour l'instant, une seule chose est sûre pour ce qui concerne la transition politique : conformément aux institutions, c'est le vice-président Mohamed Waheed Hassan Manik qui est devenu offciellement le nouveau chef d'État. Celui-ci va assurer l'intérim, peut-être jusqu'aux prochaines élections programmées pour l'année prochaine.

Auteur : Jean-Michel Bos
Édition : Marie-Ange Pieorron