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Quel avenir politique pour la Serbie ?

Aude Gensbittel23 janvier 2007

Les journaux allemands reviennent aujourd’hui sur les élections législatives en Serbie. Elections qui n’ont pas simplifié la situation politique du pays. Si le Parti radical des ultranationalistes a réalisé le meilleur avec environ 28% des voix, il ne peut toutefois pas former de gouvernement. Le Parti démocrate du président Boris Tadic, parti réformateur et pro-européen, est arrivé en seconde position et pourrait former une coalition avec le Parti démocratique de Serbie du Premier ministre sortant Vojislav Kostunica et les libéraux. Mais les négociations s’annoncent longues et difficiles, tandis que la question du statut du Kosovo se fait elle de plus en plus pressante.

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Une fois de plus, la Serbie a succombé à la tentation nationaliste, écrit la Süddeutsche Zeitung. Une fois de plus, la population s’est laissée convaincre par les paroles vides des radicaux et a exprimé par son vote toute sa frustration face à la mauvaise situation économique, tout son désespoir face à la perte de prestige de la Nation serbe. Presque une personne sur trois a choisi le camp ultranationaliste, un coup dur particulièrement pour la jeune génération, qui aimerait enfin laisser le passé derrière elle et qui cherche à se rapprocher de l’Europe.

Die Welt note de son côté que contrairement à toutes les attentes, le taux de participation a dépassé 60%. Nous prenons ces élections au sérieux, car notre pays doit prendre des décisions, tel est le message qu’ont voulu faire passer les citoyens. Près de deux tiers des électeurs ont donné leur voix au « camp démocratique » qui regroupe les partis du président Boris Tadic et du premier ministre Vojislav Kostunica. Ils ont donc confié à des représentants pro-occidentaux la mission de ne pas laisser la Serbie dériver vers le nationalisme et vers un isolement encore plus grand. Pourtant l’optimisme n’est pas grand, sur le plan intérieur comme extérieur. Les deux partis du camp démocratique revendiquent le poste de premier ministre, et des négociations à l’issue incertaine pèsent sur la situation au niveau international, notamment en ce qui concerne le Kosovo.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il est certes regrettable que les nationalistes aient atteint un tel score, mais il s’agit après tout du résultat d’élections démocratiques, qui se sont déroulées sans incidents. Ce qui n’allait pas de soi dans ce pays il y a seulement quelques années. Mais ce qui représentera un véritable test pour la démocratie serbe, poursuit le journal, c’est la future indépendance du Kosovo. Il est probable que la Serbie surmonte cette épreuve mieux que le Kosovo lui-même. L’indignation face à une séparation de la province qui a déjà eu lieu depuis longtemps dans les faits n’est pas aussi grande que le disent les médias. Car la majorité des Serbes sait que le Kosovo est une charge trop lourde à assumer pour la cohésion économique et politique de la Serbie.

Rappelons que le médiateur de l'ONU, Martti Ahtisaari, doit présenter vendredi prochain ses propositions sur le futur statut de la province du Kosovo, administrée par l'ONU depuis juin 1999.