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Quo vadis Afghanistan ?

12 janvier 2010

L'Afghanistan est toujours un grand sujet dans les journaux allemands. Les éditorialistes commentent par ailleurs les critiques émises contre la chancelière Angela Merkel par des personnalités de son propre camp.

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La présidente de l'Eglise évangélique allemande Margot Käßmann a été invitée à débattre par le ministre des Affaires étrangères Karl-Theodor zu Guttenberg après son sermont du Nouvel An.Image : picture-alliance/ dpa

La Süddeutsche Zeitung, tout d'abord, salue la prise de position de la présidente de l'Eglise protestante allemande sur l'Afghanistan. En affirmant que "rien n'est bon en Afghanistan", Margot Käßmann a brisé le silence. Après le bombardement de Kunduz en septembre, qui a été l'opération militaire la plus lourde de conséquence de l'histoire de la Bundeswehr, on a longuement cherché sur qui rejeter la faute. Mais aucun des partis au pouvoir ni de l'opposition n'a osé poser la question qui fâche : qu'a donc de bon cette mission qui devient chaque jour un peu plus une mission militaire ?

Wahlplakat gegen Bundeswehreinsatz in Afghanistan
L'opinion publique allemande est majoritairement opposée à la mission de la BundeswehrImage : picture-alliance/ dpa

La population allemande, écrit la tageszeitung, doute de plus en plus de la justesse de l'engagement de la Bundeswehr en Afghanistan. Mais la grogne monte aussi contre les formules enjolivées que le gouvernement emploie pour cacher le fait que son armée est bel et bien engagée dans une guerre. La seule raison pour laquelle Berlin a accepté de remplacer le terme de "mission de paix" par celui de "conflit armé non international", c'est parce que ce dernier donne l'autorisation de bombarder des objectifs militaires et de tuer sciemment des ennemis. Après le bombardement de Kunduz, qui a coûté la vie à des civils en septembre, la nouvelle appellation permettrait d'éviter une enquête parlementaire.

Die Welt

commente un sondage tout juste réalisé en Afghanistan pour des chaînes de télévision allemandes, britannique et américaine, selon lequel 70% des Afghans interrogés pensent que leur pays est sur la bonne voie. Là où l'opinion publique allemande semble estimer que tout est perdu depuis longtemps, la population afghane ne voit donc pas que chaos, violence et désorganisation. Les taliban ne gagnent pas autant de terrain qu'on le prétend et ils sont tenus pour responsables de la plupart des violences qui secouent le pays. Certes, l'armée allemande a perdu de sa popularité depuis le bombardement de Kunduz, mais pour Die Welt, le message est clair : l'Afghanistan a besoin de l'engagement de l'Allemagne.

Neujahrsansprache Merkel 2009/2010
Des barons conservateurs critiquent la manière de diriger de leur chef.Image : AP

Retour en Allemagne, où un autre sondage a souligné le désamour croissant de la population pour sa chancelière Angela Merkel. Le quotidien populaire BILD propose une devinette : quelle est la différence entre la dépression "Daisy", qui paralyse le pays avec ses tempêtes de neige, et la CDU, le parti d'Angela Merkel ? Dix semaines après le lancement de la coalition noire-jaune, ce n'est pas tant l'exubérance odieuse des libéraux qui empêche le gouvernement de fonctionner, que l'inertie des unions conservatrices. La chancelière semble lointaine, déconnectée du monde, et son propre camp tire à boulets rouges sur elle. Daisy va bien finir par s'en aller. La CDU, elle, va devoir se ressaisir : le parti attend de sa dirigeante qu'elle dirige. Et si elle ne fait rien, d'autres prendront vite les commandes.

Auteur : Anne Le Touzé
Rédaction : Audrey Parmentier