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Référendum en Guinée : le bon moment selon Conakry

5 février 2020

Alors que l'opposition dénonce l'intention d'Alpha Condé de briguer un troisième mandat, le régime justifie le couplage des législatives avec le référendum par le manque de temps du président ces dix dernières années.

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Les Guinéens retourneront aux urnes le 1er mars 2020
Les Guinéens retourneront aux urnes le 1er mars 2020Image : Getty Images/AFP/C. Binani

"Les nouvelles dispositions sont révolutionnaires" (Aboubacar Sylla)

Le président Alpha Condé a pris un décret mardi (04.02.20) convoquant un référendum pour l’adoption d’une nouvelle constitution. Ce décret intervient alors que le pouvoir de Conakry avait fait reporter de deux semaines la date des législativesprévues préalablement le dimanche 16 février 2020. Le nouveau décret pris par Alpha Condé permet de coupler les élections législatives et le référendum.

Des économies pour les pays

À Conakry, on estime que ce couplage n’est pas surprenant. Depuis plusieurs mois, le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) manifeste contre un référendum qui, selon ses membres, permettrait au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat.

Le gouvernement voit plutôt une manière de faire des économies et estime répondre à une proposition de la commission électorale nationale indépendante (CENI).

"Nous avons pensé, pour des raisons techniques, pour des raisons de calendrier, mais également pour des raisons d’économie, qu’il était préférable de coupler les élections législatives et le référendum constitutionnel", affirme le ministre d’Etat, porte-parole du gouvernement, Aboubacar Sylla.

Le FNDC, par son porte-parole Abdoulaye Oumou Sow, entendre combattre un "coup d’Etat constitutionnel", laissant croire que les résultats du référendum sont connus à l’avance, à moins d’un an de la fin du second mandat du président Alpha Condé.

Constitution "avant-gardiste"

Le porte-parole du gouvernement, Aboubacar Sylla, affirme pour sa part que le calendrier n’est pas voulu. Le président Alpha Condé n’aurait pas eu le temps, depuis 2010, de modifier la constitution plus tôt :

"Il n’a pas eu la fenêtre d’opportunités qui pouvait lui permettre de proposer une nouvelle constitution pendant le premier mandat et même pendant le second mandat. Le second mandat a été marqué par l’épidémie d’Ebola. Ensuite, il y a eu les contestations de l’opposition pour les élections législatives, pour les élections locales, et ainsi de suite."

Il pense que la constitution, si elle est adoptée, va remplacer la loi fondamentale de 2010 qui, d’après M. Sylla, n’a aucune légitimité populaire. Le ministre, porte-parole du gouvernement, estime que la nouvelle constitution va changer en profondeur la société guinéenne.

"C’est une constitution avant-gardiste qui contient de nouvelles dispositions qui sont révolutionnaires aussi bien chez nous qu’en Afrique en général. C’est une nouvelle constitution qui consacre la parité homme-femme. C’est une nouvelle constitution qui interdit les mutilations génitales féminines. C’est une nouvelle constitution qui interdit le mariage forcé des jeunes filles. C’est une constitution qui prévoit également qu’une partie des importantes ressources minières qui sont engendrées par l’exploitation des ressources naturelles soit consacrée au développement des communautés. Il est également prévu un fonds d’investissement pour les jeunes pour les aider à mieux affronter les défis scientifiques et technologiques dans l’avenir."

Le projet de constitution prévoit aussi pour le président un mandat de six ans renouvelable une fois, contre cinq ans actuellement.

La plus grande partie de l’opposition boycotte le référendum car elle soupçonne le président Alpha Condé, âgé bientôt de 82 ans, de vouloir utiliser l’entrée en vigueur d’une nouvelle République pour se présenter pour un troisième mandat consécutif, de six ans cette fois.