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Régime méditerranéen

6 mai 2010

La cure d’austérité qui est imposée à la Grèce a beau être massive elle ne rassure pas les marchés. La zone euro reste menacée par la peur de la contagion et la crise met en lumière les faiblesses de la monnaie unique

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L'économie grecque peut-elle supporter les réformes qui lui sont imposées?
L'économie grecque peut-elle supporter les réformes qui lui sont imposées?Image : AP

La crise financière dans la zone euro illustre les divisions européennes. Pire, elle s’ajoute à l’échec, le désaveu même subi par les Européens lors du sommet climatique de Copenhague. Lorsque les Etats-Unis qui ont préféré discuter avec les grands pays émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil plutôt qu’avec une Europe à l’identité trop multiple pour être facilement compréhensible. Déjà, en décembre dernier à Copenhague, les Européens ont payé le prix de leurs désunions. Dans la crise actuelle, celle de la zone euro, ce sont ces mêmes divisions qui sont attaquées par les spéculateurs.

Le déficit public de la Grèce est estimé à 30 milliards d'euros
Le déficit public de la Grèce est estimé à 30 milliards d'eurosImage : picture-alliance/ dpa

C’est pourquoi la crise grecque et l’absence de véritable soutien des pays membres de l’Union européenne dans ce dossier est la parfaite illustration du frein que connait le processus européen. L’Allemagne notamment s’est montrée particulièrement peu encline à faire preuve de solidarité face aux difficultés majeures rencontrées par la Grèce. « Je suis très inquiète par la situation en Europe à l’heure actuelle », explique Claudia Roth, eurodéputé allemande du Groupe des Verts. « Je suis inquiète par le regain de l’approche nationaliste dans les pays membres. Tout particulièrement en Allemagne. Je n’ai jamais vu de toute ma vie politique, aussi peu d’Europe qu’en cette année 2010. C’est fou. On m’aurait dit qu’un jour j’allais regretter Helmut Kohl, du moins pour ce qui est de la politique internationale et européenne, je ne l’aurais pas cru mais, contrairement à Angela Merkel, c’était un vrai européen. »

Centaines de milliers d’emplois

Les réticences de la chancelière allemande Angela Markel ont-elles aggravé la crise?
Les réticences de la chancelière allemande Angela Markel ont-elles aggravé la crise?Image : AP

Au milieu de ce pessimisme européen, on revient à cette idée que la lutte contre le réchauffement climatique et la mise au point de technologies vertes pourraient finalement représenter le grand projet autour duquel les Européens pourraient se mobiliser. Le chainon manquant de la construction européenne. Car bien au delà des discours apocalyptiques autour des gaz à effet de serre, le passage à une énergie propre représente une véritable chance économique.

Le potentiel de la révolution verte est d’ores et déjà mis par un bon nombre d'économistes, ainsi que par des hommes politiques, sur un pied d’égalité avec la révolution industrielle du XIXe siècle. « L’Europe surtout doit comprendre que loin d’être un sacrifice, la lutte contre le réchauffement climatique est une incroyable chance pour sortir durablement de la crise économique et sociale », estime Yannick Jadot, député au parlement européen, membre lui aussi du groupe des Verts. « Investir sur ces secteurs c’est créer de la richesse, de la prospérité, des services publics et des centaines de milliers d’emplois. Je crois que l’Europe ne peut pas aujourd’hui refuser la création de centaines de milliers d’emplois. »

L'euro peut-il s'effondrer?

Mercredi, les émeutes dans le centre d'Athènes ont provoqué la mort de trois personnes
Mercredi, les émeutes dans le centre d'Athènes ont provoqué la mort de trois personnesImage : AP

Retour sur les menaces que les divisions font peser sur l’avenir de la construction européenne. Car les marchés internationaux ont très bien compris la faiblesse de l’euro : une monnaie unique partagée par des pays aux performances économiques aussi éloignées que l’Allemagne et la Grèce a-t-elle un sens et, à partir de là, un avenir sans une gouvernance économique plus approfondie ? C’est-à-dire sans une meilleure coordination des politiques économiques?

La plus grande réalisation de l’Europe depuis vingt ans – la zone euro – est à un carrefour : soit la crise provoque son effondrement soit elle va inciter les états membres à dépasser leurs égoïsmes pour aller plus loin encore dans le sens de l’union. En tous cas, le danger d’une contagion est réel et cette crise va laisser des traces et des inimités. Notamment entre l’Allemagne et la Grèce.

C’est ce que nous explique Georges Dassis, il est le président du groupe de travailleurs salariés du Comité économique et social européen.

Gaz russe

La construction du gazoduc North Stream a débuté le mois dernier
La construction du gazoduc North Stream a débuté le mois dernierImage : picture alliance/dpa

Nous abordons un autre grand dossier : celui du gaz russe. La Russie fournit 25% du gaz consommé en Europe. Mais là encore, les états européens, au lieu de créer une communauté européenne de l’énergie, préfèrent avancer en ordre dispersé et négocier en tête à tête avec Moscou.

Dans ce grand dossier énergie, il y a un point qui fâche : c’est celui de l’approvisionnement. La construction du gazoduc North Stream par exemple a été lancée début avril. Long de plus de mille kilomètres, le gazoduc passera par la Mer baltique pour relier les côtes russes aux côtes allemandes. Au grand dam des voisins suédois ou baltes qui critiquent ce projet. Car la mer Baltique est une des mers les plus fragiles du monde. Enfin, les pays Baltes ne voient pas d’un bon œil l’arrivée des navires militaires russes qui vont protéger le chantier.

Un reportage de Marielle Vitureau

Auteur : Jean-Michel Bos, Sylvie Ernoult

Edition : Elisabeth cadot