Résultat insuffisant

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le voyage du futur challenger de Barack Obama à Londres, en Israël et en Pologne a pour but d'affûter la dimension internationale du candidat et d'impressionner favorablement l'électorat américain. Résultat : peut mieux faire ! En renouvelant l'attachement de l'Amérique à l'Etat hébreu, Mitt Romney voulait s'approprier les faveurs de l'électorat juif d'Amérique, qui constitue toujours la majorité du bassin électoral des Démocrates, le parti de Barack Obama, et critiquer indirectement la politique au proche-Orient de son rival. Pourtant, quels que soient ses efforts, rien de tout cela n'aura d'importance sur le résultats du vote en novembre prochain. C'est le bilan de politique intérieure et économique du premier président noir de l'Histoire des États-Unis qui déterminera son avenir.

Pour die Welt, pourtant, si Mitt Romney a gaffé à Londres en critiquant ouvertement l'organisation des Jeux Olympiques, il a su en Israël pousser son rival dans ses retranchements. En effet, les révélations sur les 70 millions d'euros accordés par les USA, juste avant l'arrivée de Mitt Romney à Jérusalem, au système antimissile israélien et les rumeurs de soi-disant plans de Washington en cas d'attaque militaire contre l'Iran ne sont pas des coïncidences. Le Proche-Orient est le point faible de la législature de Barack Obama et la lutte pour conquérir l'électorat juif américain, traditionnellement plus enclin à voter démocrate, pourrait s'avérer payante pour les Républicains.

Les voyages forment la jeunesse, dit-on, ironise la Süddeutsche Zeitung. L'on aurait pu croire que Mitt Romney voulait en apprendre plus lors de son séjour en Israël. C'est une erreur. Tout ce que l'aspirant à la Maison Blanche a fait ou dit à Jérusalem démontre qu'il n'a pas essayé le moins du monde de comprendre la complexité de la situation au Proche-Orient. Au lieu de ça, il fanfaronne et prétend que tout ce que fait Israël c'est bien et que le reste - palestiniens et mollahs iraniens - n'a qu'à s'incliner. Si cette excursion électorale pourrait aider Mitt Romney à court terme, il a pourtant provoqué beaucoup de dégâts à long terme. De fait, le Proche-Orient a besoin des USA comme médiateur. Là, Mitt Romney s'est largement disqualifié pour ce rôle, conclut le quotidien de Munich.

Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Konstanze von Kotze